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Channel: Europe – Eclats de guerre
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La retirada … dans les pas de l’exil

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©Manuel Moros, Réfugiés Espagnols, février 1939.  Fond Jean Peneff.

J’ai choisi d’ouvrir moi-même le blog avec une photo fondamentale…mais ce choix est totalement subjectif. J’ai choisi une photo de la Retirada, l’exil des républicains espagnols, prise en février 1939  dans les Pyrénées-Orientales par Manuel Moros. Pourquoi ?  Parce que la Retirada a complètement bouleversé le département mais aussi la France entière  sur le plan humain mais aussi politique et social. Parce que l’histoire  de ces Espagnols est un peu celle de tous les exilés …cette problématique est intime et universelle.

J’aurais pu choisir une photo-icone de Robert Capa sur la Guerre d’Espagne, j’ai préféré Manuel Moros, un parfait inconnu. Manuel Moros était un peintre franco-colombien installé à Collioure dans les années 20.  Leica en bandoulière, il photographie autant qu’il peint. Après la chute de Barcelone, le 26 janvier 1939, le gouvernement français se résout à ouvrir sa frontière, les réfugiés républicains affluent en Roussillon. Manuel Moros peintre, homme de gauche, athée, ancien combattant, est bouleversé…l’artiste contemplatif et talentueux devient le témoin de l’Exil, le peintre devient photoreporter. Cette photographie a été prise  au point de passage, certainement à Cerbère, en février 1939.

Les exilés sont cadrés en plan américain, la photographie structurée par la chaîne qui fait frontière. D’un côté la masse, de l’autre rien…enfin si… le photographe et son regard plein d’empathie. Que se passe-t-il hors champ? Tous les yeux sont fixés au-delà de la frontière vers un même but, sauf ceux d’une jeune et belle espagnole…yeux dans  le vague, dans son passé si proche et si violent.

Ce qui marque dans cette photo, c’est cette masse d’individus rassemblée derrière la chaîne du point de passage. Un accueil glacial les balaye comme la tramontane hivernale, ils restent figés. Ce qui marque c’est ce regard puissant, le regard qu’ont peut-être tous les réfugiés, tous les immigrés lorsqu’ils arrivent au but … ils regardent droit devant, inquiets, perdus, tendus mais déterminés… toujours. Ce qui marque c’est cette lumière crue qui sculpte leurs visages émaciés. Ce qui marque c’est cet ensemble sombre et sobre. Miséreux mais pas misérables, les exilés sont dignes.

Manuel Moros nous livre l’image  brutale d’une guerre que la France n’a pas voulu voir, la réalité d’un exil que les Français n’ont pas voulu recevoir…enfin pas tous…heureusement. Les exilés ont du se faire une place.  Mais dans l’exil, nombre d’entre eux a trouvé un espoir, un avenir et un pays.

Quand je vois cette photo… me reviennent les mots d’un être cher :

«  Je suis l’exemple-type de l’immigrant parfaitement assimilé. Je me sens Français, Français de toutes mes forces, farouchement Français, j’aime, je chéris la France ! Pourquoi ce sentiment intérieur si fortement ressenti ? Parce qu’elle m’a adopté, que j’ai pu y vivre en homme libre,  que ma femme et mes enfants y sont nés, parce que ma patrie d’origine, l’Espagne s’est déshonorée en laissant assassiner la République et ses défenseurs et qu’elle n’a pas jugé les responsables du crime (…) je connais la langue de ce pays, son histoire, mais je la laisse à ses habitants et ne veux pas y retourner. C’est un sentiment personnel que j’exprime-là, je ne cherche pas à le partager. Je suis Français, Français, Français, mais au fond du cœur je reste un Exilé (…) vive la République, Vive la France ! ».

Cette photo a été retrouvée à la fin de la Seconde Guerre Mondiale dans une boite en fer, cachée dans un jardin, retrouvée par un enfant de Collioure, Georges Figuères. Les photos de Manuel Moros ont fait l’objet d’une belle exposition en 2008…il fallait sortir de la boite en fer tous ces  regards puissants, il fallait qu’ils rencontrent les nôtres… déconcertés…il fallait donner un regard, un visage à l’Exil.

Laetitia Canal-Cologni

POUR ALLER PLUS LOIN

ESPAGNE, LOCALISATION



REPERES : LA GUERRE D’ESPAGNE ET LA RETIRADA

  • Chronologie sommaire
    -14 avril 1931 Proclamation de la République
    -1936 Victoire du Front Populaire.
    -17 Juillet 1936-1er avril 1939 La Guerre civile espagnole oppose les nationalistes de Franco aux républicains.
    - 27 avril 1937 la ville basque de Guernica est bombardée par la légion Condor (aviation allemande).
    -1938  les franquistes enfoncent le front de l’Ebre coupant en deux la zone républicaine.
    -26 janvier 1936 Barcelone tombe aux mains des franquiste.
    -20 novembre 1975 Franco meurt dans son lit
    - Adopté le 31 octobre 2007 la loi sur la mémoire vise à reconnaître les victimes du franquisme.
    • Quelques chiffres sur la Retirada

    - Le nombre des réfugiés est impossible à définir avec certitude. Le rapport Valière ( 9 mars 1939) estime à 440 000, le quai d’Orsay le 1er mars 1939 à 514 000. La préfecture de Pyrénées- Orientales  révise l’estimation à 500 000 le 1er mars 1939.
    - Les exilés sont parqués dans des camps d’internement. Le rapport de la préfecture dénombre

    330 000 personnes dans ces camps provisoires : 70 000 dans la vallée du Tech, 100 000 au camp de Saint-Cyprien sur Mer, 95 000 au camp d’Argelès-sur-Mer, 30 000 dans les camps de Cerdagne,
    5 000 au camp du Boulou, 5 000 dans les petits camps, 5 000 en hébergement privés.   Il y a deux camps à Perpignan : le camp des haras et le Champ de Mars. La citadelle de Mont- Louis accueille les hommes de la 26ème division Durruti et celle de Collioure une brigade entière de cavalerie républicaine. ( AD  PO 1287WI)

    - Les  2 000 hommes du 24ème Régiment des Tirailleurs Sénégalais sont affectés à la surveillance de la frontière puis à celle des camps.

    • Artistes et Retirada

    De nombreux artistes se sont retrouvés dans le flot des réfugiés : parmi eux Pablo Casals ou  Antonio Machado qui meurt d’épuisement le 22 février 1939 à Collioure. Aragon lui a écrit ces quelques vers : Machado dort à Collioure
    Trois pas suffirent hors d’Espagne
    Que le ciel pour lui se fît lourd
    Il s’assit dans cette campagne
    Et ferma les yeux pour toujours.

    De nombreux artistes espagnols ont été internés dans les camps, parmi eux: Antoni Clavé, Florès, Fontséré. Ces derniers internés au camps des haras seront libérés grâce à l’intervention du peintre catalan Martin Vivès..
    « Nous étions plusieurs milliers aux  Haras. Un jour, on a appelé mon nom et j’ai rencontré un monsieur (Martin Vivès) qui m’a dit :
    « -J’ai vu vos dessins et je vais vous faire sortir pour  24 heures . »
    J’étais ravi, car un jour de liberté et de vie normale, ça représentait beaucoup pour nous. Le lendemain, Vivès et revenu et il m’a dit :
    « – Faites vos valises avec Fontséré et Florès, vous venez chez moi. »

    • A lire

    -Georges Bernanos, Les Grands cimetières sous la lune, Point Seuil, 1997.
    - Bartolomé Bennassar, La guerre d’Espagne et ses lendemains, Perrin, coll. « Pour l’histoire »,2004. ,
    -François Godicheau, La guerre d’Espagne et Révolution en Catalogne, Odile-Jacob, 2004
    -Grégory Tuban, FEVRIER 1939 – La Retirada dans l’objectif de Manuel Moros, recueil de 90 photographies inédites,  éditions Mare Nostrum, 2008.
    -Phil Casoar et Ariel Camacho, « Le petit phalangiste », XXI, octobre/novembre/décembre 2010

    http://www.martinvives.com/trait-pour-trait/antoni-clave/


ECOLE…A corps et à craies.

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©Bertrand Gaudillère, A corps et à craies 2007- 2010.

L’école est peut-être une des institutions qui véhicule le plus de préjugés et de malentendus largement médiatisés.

Préjugés,parce que nous sommes  tous d’anciens élèves et  gardons de  cette expérience, des souvenirs plus ou moins heureux… Tragi-comédie scolaire ! Nous avons tous conservé quelques stupéfiantes anecdotes édifiant notre solide mur de préjugés…en tête des clichés: l’indiscipline, la violence, l’autoritarisme, l’absentéisme, les grèves, les dépressions, les notes et les pseudo-privilèges.

Malentendus, parce qu’Education Nationale est un terme équivoque : éduquer n’est pas élever…Malentendus, parce  qu’on assimile l’école à un sanctuaire alors qu’elle reçoit les impacts des problèmes socio-économiques de plein fouet.  Malentendus et confusion sur la finalité de l’école:  former n’est pas formater. Le portrait est terrible!.. et terriblement faux. Non ! L’école n’est pas « la fabrique du crétin » !   Ces idées reçues sont portées comme un fardeau par les parents, les enfants, les enseignants, le personnel scolaire et la société entière… un poids qu’il est difficile d’allègrement alléger, un poids qui fait éclater la stabilité précaire de l’école. Or, les dés étant pipés d’avance tout débat cohérent, dépassionné sur le système scolaire est  difficile à établir.

Fallait-il lutter contre des moulins pour montrer la réalité scolaire ? Non, il fallait juste un regard singulier, celui de Bertrand Gaudillère. En vagabondant dans sa série « à corps et à craies » je voyais pour la première fois un regard honnête et sensible sur l’école… Le photographe comprenait ! Il présentait une vie en maternelle et  touchait au plus près l’essence de mon univers de lycée . Il révélait les espoirs, les ambitions mais aussi les tensions du système scolaire, sans jamais verser dans le sensationnalisme, le préjugé ou le malentendu. En quelques photos tout était là… limpide…comme une évidence…  De son regard espiègle, pudique et complice jaillissait d’un coup : l’épanouissement, l’énergie, l’échange, l’envie, l’effort, l’éveil, l’égalité et la mixité. Cliché sans cliché. Une prouesse !  De cette école maternelle classée  ZUS (zone urbaine sensible) dont il a suivi les moments forts pendant trois ans, il montre  de la joie et de l’avenir…il y a certainement  des problèmes…comme partout…mais là n’est pas la question. L’évocation de cet univers que j’aime tant détruit enfin tous les murs d’incompréhension… entre ces murs plus d’étroitesse mais la liberté de l’esprit, le plaisir d’apprendre, le  respect réciproque…Chacun restant à sa place : élève-enfant, maître-adulte.

Dans « à corps et à craies », Bertrand Gaudillère fixe un tourbillon d’énergie… Energie pendant la récré… dans ces mouvements de robes, de petits petons mais aussi dans cette marelle qui sautille invariablement jusqu’au ciel. Sacrée récré ! Energie dans la classe, captée grâce à quelques cadrages serrés  sur les visages, sur les regards captivés, passionnés, sur ces doigts levés, pressés de répondre (on entend presque le « moi ! moi ! moi ! maîtresse! »). En plan frontal, en plongée ou en contre- plongée nous restons toujours à  taille d’enfant…Excellente perspective, géniale idée, puisque les écoliers sont au centre de tout. Les enseignants, eux, sont comme des ombres bienveillantes… On est loin de leur image mythique oscillant entre punition, autoritarisme, désarroi et élitisme. Au contraire, le monde des enfants se mêle à celui des enseignants, souvent par le regard.  Leur mise en abyme est frappante: nous regardons les enfants, eux, regardent la maîtresse qui probablement les regarde. Les gosses ont  l’œil vif, ils sont le cœur vibrant du système.

Chaque photo  joue à cache-cache avec le clair-obscur. Une  lumière subtile caresse les chairs tendres des ces êtres chers avec lesquels nous passons le plus clair de nos journées. Ombre et lumière à nouveau, pour cette photo de spectacle en ombres chinoises. Féérique et fantastique…. L’école redevient un lieu magique, dynamique qui bouge au rythme des enfants. C’est (presque ?) mieux que l’école buissonnière!

L’école, sans calcul mental, ajoute  épanouissement et apprentissage pour le plus grand nombre, dans le respect des différences de chacun… Avec des effectifs de 25 enfants dans les classes (jusqu’à 35 au lycée), il faut: développer les compétences, éveiller l’esprit critique, suivre les programmes, sortir des carcans pédagogiques habituels tout en respectant les règles de vies…cela relève souvent de l’exercice de haute voltige…et cela ne se calibre pas,  ne se quantifie pas,  ne se note pas, ne se gère pas comme un bilan comptable. L’école ne se calcule pas. Nous, enseignants, manquons souvent de temps, de liberté, nous gérons souvent des problèmes qui nous fatiguent ou nous dépassent mais nous gardons le cap vers notre objectif: transmettre le goût de découvrir, donner à penser. L’école  plante quelques jalons, donne quelques clés… Ces germes  produiront souvent de belles fleurs, souvent nous assistons à leur éclosion, parfois affrontons leur épines, nous constatons rarement leur dessèchement. Il n’y a jamais de mauvaise herbe…juste quelques allergies, quelques incompréhensions passagères… Sans être candide, il faut cultiver notre jardin : notre école… et oui ! ça pousse !…parole de prof !

Laetitia Canal-Cologni

©Bertrand Gaudillère, A corps et à craies 2007- 2010.

Pour approfondir

Carte des académies



Quelques données sur l’Education Nationale (source ministère de l’Education Nationale)

Budget de l’Education Nationale
59,9 milliards en 2009
60,4 milliards en 2010

Effectifs élèves (2009-2010)
1er degré  6 647 100
2d degré  5 331 700

Effectifs professeurs (2010)
1er degré  334 900
2d degré   356 400

Suppression des postes d’enseignants
2007   8 700
2008 11 200
2009 13 500
2010 16 000
Evolution des effectifs d’élèves jusqu’en 2015 …. + 154 00 élèves !

Diplomes

Agrégation (16 h de cours)

Capes: certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (18 h de cours)

Cape: Certificat d’aptitude au professorat des écoles.

STAGIAIRES EN GALERE

16 000 stagiaires lauréats du CAPES CAPE 2010 ont pris en charge leurs premières classes, sans formation pratique. Avant la « mastérisation » du recrutement, et dans le but d’élever le niveau du recrutement (sachant que les titulaires du Capes ou du Cape avant cette réforme étaient pour beaucoup déjà détenteurs d’une maîtrise ou d’un doctorat mais passons) les lauréats effectuaient une année de stage. Dans l’enseignement supérieur, cela signifiait 5 heures de cours ( soit une à deux classes) avec la présence régulière d’un tuteur…et des heures de discussions avec ce dernier, sur la façon de mener une classe, la discipline, la structure des cours; le reste de l’emploi du temps était consacré en heures de cours de théorie et de pratique en IUFM…bref une année utile pour jeter les bases d’un métier qui s’apprend (le charisme « naturel » ne fait pas tout!)… une année pour dépasser la somme de savoirs que nous demande le concours et gagner en pédagogie (ce qui est le centre de notre métier!… la pédagogie passe avant notre discipline et, quand elle fonctionne,  nous permet d’éviter de faire de la discipline).

L’année de stage IUFM ayant été supprimée les stagiaires (contre une légère augmentation de salaire pour les « jeunes diplômés »),  ils doivent assumer la charge de préparer tous les cours de tous les niveaux en même temps, corriger les copies, tout en gérant les classes -parfois difficiles- « ex nihilo » … et parfois, cerise sur le gâteau, ils reçoivent la charge de PP ( prof principal, c’est à dire organiser une partie de l’orientation, suivre individuellement les cas, assurer les réunions pédagogiques…)…bref une année en flux plus que tendus…

Coïncidence en  2010 16 000 départs à la retraite n’ont pas été remplacés.

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Etablissements et collectivités locales
Les établissements dépendent pour l’entretien des bâtiments, les équipements et les financements (matériel, de projets) des collectivités locales
Les écoles dépendent de la Mairie.
Les collèges du Conseil Général
Les lycées de la Région

Maternelle entre autonomie et éveil.
« Est-ce vraiment logique (…) que nous fassions passer des concours bac +5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire la sieste à des enfants ou de changer leurs couches. » Xavier Darcos, ministre de l’Education Nationale, 2008.
Outre le fait que les enfants accueillis en maternelle sont propres, la maternelle mérite le plus grand respect. Petite Section, Moyenne Section et  Grande Section sont des étapes fondamentales pour l’apprentissage de l’autonomie, des premières compétences graphiques, mathématiques et surtout pour l’éveil de tous… dans l’égalité et la gratuité !

Exemples de projets pédagogiques réalisés par ma fille et mon fils en maternelle
Projet  PS: éveil au cinéma avec …Chaplin, Laurel et Hardy !
Projet MS: Afrique (musique, contes, réalisation graphiques)
Projet PS- MS: Potager (réalisation d’un potager dans l’école)
Projet GS-MS: Cirque (intervenants extérieurs, spectacle et exposition)
Projet GS: Musée le Paysage au Musée d’art moderne de Céret !
Pas besoin d’en rajouter…saluons juste l’ambition des enseignants et l’épanouissement des enfants !

Note Bleue
Dernier débat à la mode… faut-il cesser de noter au primaire. Grande question ! Juste quelques bribes de réflexion. Premièrement. tous les professeurs des écoles n’utilisent plus systématiquement les notes, certains ont une grille d’évaluation basée sur (notion acquise, en cours d’acquisition ,non acquise). De manière générale, la note évalue un devoir, pas un élève. Elle n’est ni une sanction, ni un honneur.

La note va de 0 à 20 et doit être utilisée dans la totalité de son éventail. 0 n’est pas égal à nul, 0 est égal à : « devoir non réalisé ». 20 n’est pas égal à parfait, 20 est égal à : « compétences méthodologiques et cognitives complètes ».
La concurrence-souffrance par la note vient de ce qu’on en fait: classement, compétition entre copains, comparaison entre frères et soeurs…or ce sont des réflexes encore présents chez certains  profs mais aussi élèves et parents!

Par ailleurs,  le système scolaire du secondaire entretient cette concurrence… exemple au lycée les notes servent largement de repère pour le recrutement en classes préparatoires (dès la classe de Première). Aux yeux d’un enseignant, un élève qui progresse de 4 à 8  reçoit autant de  reconnaissance que celui qui passe de 14  à 18.

A lire
Les profs, Bamboo Editions (Bande Dessinée)
Jean-François Mondot, Journal d’un prof de Banlieue, J’ai lu, 2002.
Mara Goyet Collèges de France, Folio, 2004.

http://www.collectifitem.com

Télérama n°3177, 1er décembre 2010.  Emile Gavoille, Enseigner s’apprend.

Mai 68… REVOLTE!

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©Gilles Caron, Mai 68, Rue Saint-Jacques, Paris

Nature:Une photographie noir et blanc, argentique. Contexte : Les évènements de Mai 68.

« Le véritable esprit de révolte consiste à exiger le bonheur ici , dans la vie « – Henrik Ibsen »

Gilles Caron prend une photo politique  qui   résume les événements et l’esprit de mai 68.  Un drapeau noir  ou rouge est  dressé au centre de la rue Saint Jacques en plein cœur du quartier latin à Paris. La lumière du fond donne l’impression d’une fumée, elle symbolise les affrontements entre étudiants et CRS, des combats violents, qui se sont déroulés pendant Mai 68. Au premier plan, le poteau orné du drapeau lance l’appel à la révolte. Ce drapeau dressé seul, quand il est blanc c’est qu’on se rend, mais quand il est rouge (révolution) ou noir (anarchisme) c’est comme une provocation envers la ligne de CRS qu’on devienne au fond de la rue. Ce drapeau symbolise les idées libertaires défendues par les étudiants. Le plan large, grand angle (une focale courte et « classique » dans le photo-reportage), offre une grande profondeur et accentue l’effet de perspective. La  lecture de la photo insiste sur la profondeur, comme si nous plongions  dans la photo. Cet effet est accentué par l’obscurité du premier plan qui s’éclaire jusqu’à en devenir une lumière écarlate dans le second plan et la rue devenant de plus en plus étroite et très lointaine comme si les étudiants avaient gagné.  Grâce au jeu d’optique , le drapeau, placé au centre, nous donne l’impression d’être tenu par un homme, enfoui dans les décombres, alors que ce n’est qu’un simple poteau.  C’est provocateur et plein d’humour, c’est une photo dynamique, comme une geste de révolte indestructible Gilles Caron semble subjectif, il a de la sympathie pour les étudiants, il est de leur côté physiquement mais aussi moralement. C’est une photo politique mais aussi engagée . C’est un cliché sur la rébellion, la révolte qui  est un sentiment d’indignation et de réprobation face à une situation . Elle est aussi ,  le refus actif d’obéir à une autorité . Elle correspond donc à une large gamme de comportements : non respect des normes sociales, désobéissance, tentatives d’insurrection, mutineries , rébellions , tollés. Celui qui se soulève de cette façon est désigné comme rebelle.

El Jaziri Nadia, Touron Marine, seconde 03. Lycée François Arago, Perpignan 2010.

Construction de la photo: lignes et points de fuite

Chronologie sommaire de Mai 68


Le quartier latin et la rue Saint-Jacques…lieu des affrontements.

Mai 1968 est un ensemble de mouvement de révoltes survenues en France en mai juin 1968. Les étudiants ont dirigé des grandes manifestations contre l’université et l’autorité. Ces évènements marquent l’histoire française, culturellement, socialement et politiquement, caractérisées par une vaste révolte spontanée. Lassés d’une société autoritaire et paternaliste, les jeunes dénoncent le capitalisme, le gaullisme, les arrestations de leurs camarades tout en clamant la libération sexuelle et plus de droit pour la femme. D’abord désemparé par ces ‘gauchistes’ qui couvrent les murs parisiens de slogans,  travailleurs et syndicats prennent le relais en moins de quinze jours. La France est alors paralysée et le régime est menacé. Trois crises se superposent durant le mois de Mai :

  • La crise étudiante : commencé à l’Université de Nanterre, la révolte étudiante gagne Paris où les affrontements violents ont lieu entre les étudiants et la police dans le quartier Latin.
  • La crise sociale : à partir du 13 Mai, les ouvriers et les employés se mettent en grève. Malgré la signature, par les syndicats et le patronat, des accords de Grenelles, prévoyant une hausse de salaires, le pays reste paralysés par la grève.
  • La crise politique : le 28 Mai, un dirigeant de gauche François Mitterrand, réclame le départ du président de la République, le général de Gaulle et se déclare candidat à l’élection présidentielle. Le  29 mai  de Gaulle s’envole en hélicoptère vers une destination inconnue. Il rencontre le général Massu à Baden Baden. Le pouvoir semble vaciller. Le  30 mai , de Gaulle reprend la situation en main et annonce à la radio la dissolution de l’Assemblé Nationale, il appelle à l’action civique. Une immense manifestation rassemble ses partisans sur les Champs-Elysées. Aux élections législatives de juin, le parti gaulliste remporte une écrasante victoire.

DANIEL COHN-BENDIT

©Gilles Caron, Cohn-Bendit,Mai 68, Paris

Daniel Cohn-Bendit surnommé Dany le rouge, (1945) est un homme politique européen de nationalité allemande, dont la vie et carrière se déroulent principalement en France et en Allemagne. Etudiant  de sociologie à la faculté de Nanterre en mai 68,il fut l’un des meneurs du mouvement étudiant de Mai 68 avec Geismar et Sauvageot. Il est député européen depuis 1994. En 2009, à l’occasion des élections européennes il conduit la liste Europe Ecologie.

Gilles CARON

Que dire d’un homme quand il est mort ? Qu’il était doué, et terriblement talentueux. Qu’il aimait photographier tout, mais surtout les événements politiques.

Gilles Caron est né le 8 Juillet 1939 à Neuilly-sur-Seine et mort le 5 Avril 1970 au Cambodge. C’était un photographe français. En 1958, peu après la mort de son père,  il suit des études supérieures de journalisme à l’Ecole des hautes études internationales, à Paris. Un an plus tard, il passe son brevet de parachutisme civil, fait un service militaire de vingt-huit mois dont vingt deux en Algérie. Son refus de combattre après le putsch lui vaut deux mois de prison ferme. Après s’être marié et avoir eu son premier enfant,  il fait un stage chez Patrice Molinard, photographe de publicité et de mode. En 1965, il entre à l’Agence Parisienne d’Informations Sociales ce qui lui permet de couvrir plusieurs événements politiques ou mondains. Il y rencontre Raymond Depardon. Un an après, il a son premier succès sur la Une de France-Loisir. A la même époque, il fonde l’agence Gamma avec Raymond Depardon, Hubert Henrotte, Jean Monteux et Hugues Vassal. Il fait alors plusieurs reportages en Israël, au Viêt-Nam, au Biafra, à Londonderry, en Tchécoslovaquie, dans le Tibesti Tchadien, mais aussi sur les manifestations parisiennes de Mai 68.  En 1970, il se rend au Cambodge. Le 5 Avril, il disparait avec deux autres français, le reporter Guy Hannoteaux et le coopérant Michel Visot, sur la route n°1 qui relie le Cambodge au Vietnam dans une zone contrôlée par les khmers rouges. Il a alors 30 ans.

©B. Gaudillère. Manifestations anti-réforme des retraites, oct 2010.

A lire

Hamon et Rotman, Les années de rêve (t1), Les années de poudre (t2), Seuil. Retrace Mai 68 et ses conséquences.

A voir

Milou en Mai, Louis Malle.

Les Amants Réguliers, Garrel,

Code 68, J-H Roger

Le fond de l’air est rouge, Chris Marker

http://www.collectifitem.com/

La Chinoise, Godard.

RUE DU PEUPLE…France:la culture de la manifestation.

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©Bertrand Gaudillère, Rue du Peuple, 2010. Collectif Item.

Habituellement les photos de manifestations soulignent la masse, prises en plan large , en plongée, elles  présentent une foule  informe, anonyme, colorée avançant vers l’objectif. Le pouvoir de la masse…ou son danger c’est selon.. Ici les photos de Bertrand Gaudillère s’attachent à souligner les individus, dans toute leur diversité d’âge, de couleur, de catégorie sociale, de mécontentement, d’engagement, de militantisme…Le Peuple…n’est pas un troupeau…c’est une somme d’individus réfléchis.  Entre le 23 mars et le 23 novembre 2010, la France a connu 15 journées d’action contre la réforme des retraites : cheminots, raffineurs, dockers, routiers, éboueurs, chômeurs, retraités mais aussi étudiants et travailleurs du secteur privé. Peuple de râleurs, de bloqueurs ?… des truismes qui masquent le débat de fond…Au-delà de l’opposition à la réforme cette période de grèves soulève de nombreuses questions propres à l’engagement du peuple français : le rapport de force entre l’expression du peuple dans la rue et les choix d’un gouvernement issu de l’expression des urnes. Se pose également la question du syndicalisme en France mais aussi celle du traitement médiatique de ce genre d’événement. Questions à aborder sans position partisane mais également sans tabou car ce sont des questions autour desquelles se construisent les notions de liberté d’expression, de droit de grève…et de démocratie.

Pour traiter ce sujet, le photographe s’est attaché à rendre leur visage aux manisfestants. Leur redonner une identité pour incarner leur engagement. Pour ce faire, il utilise un procédé technique : l’open flash, autrement dit une  lumière flash décentrée exposée pour le sujet principal, ce qui fait  que l’arrière-plan est sous exposé d’un diaphragme ou deux, et dans le  traitement des fichiers brut, il accentue ensuite le contraste entre le  sujet et le reste de l’image en accentuant la luminosité du centre et le sombre des contours de l’image…c’est-à-dire en « vignettant »
Cela donne un effet que je trouve assez magique, car tout en restant dans le contexte de la manifestation, le cliché insiste sur les individus, leur caractère, leur visage, leur expression.  Bref il restitue, un visage, une identité pour incarner leur engagement .

Le photographe voulait montrer ces « gens » qui manifestent et qu’on ne montre que de façon très caricaturale dans les micro-trottoirs réalisés par les JT. Comme le souligne B Gaudillère … « Des gens …une entité un peu abstraite que l’on encense ou qu’on maltraite. On parle des gens si facilement avec des mots si évidents qu’on en oublie cette question : les gens c’est qui ? les gens c’est quoi ? Les gens c’est eux, les gens c’est vous, les gens c’est moi… »…objectif atteint.

Laetitia Canal-Cologni

POUR APPROFONDIR

A L’ASSAUT D’UN VIEUX TRUISME ANTI-GREVE.

« Les manifestations et l’expression dans la rue sont illégitimes face à un gouvernement issu d’élections légitimes. »

Accepter ce  cliché c’est nier le droit de grève. C’est aussi oublier que parfois, un gouvernement désigné légitimement peut agir de façon illégitime parce qu’il « oublie » qu’il est le représentant de tous les Français et plus seulement de son électorat. L’expression dans la rue est un élément constitutif de la démocratie. Il est vrai qu’en France, la grève  est considérée comme « traditionnelle » par rapport à d’autres pays qui gèrent plus leurs crises par la négociation…! Il y a des raisons historiques à cela…
Cela vient essentiellement du fait que le plus vieux et principal syndicat français est la CGT, marqué par le marxisme et les velléités révolutionnaires, il porte encore,  malgré ses évolutions, la marque du rapport de force et l’imprime aussi à l’ensemble du syndicalisme français…
Par ailleurs, la lutte s’explique aussi par l’incapacité des gouvernements français à anticiper les rapports de force. En effet, tout gouvernement rechigne à négocier en amont avec le syndicats, parce que pour le pouvoir le syndicalisme français est trop faible et n’est donc pas représentatif. En effet, dans d’autres pays ( comme l’Allemagne)  le syndicalisme est puissant, il est   considéré comme un véritable acteur politique, ce qui crée une culture de la négociation.  En France, le syndicalisme a une assise de cotisations relativement modeste,  selon le ministère du travail 8% des travailleurs français sont syndiquées (dont seulement 5% dans le secteur privé)  contre 30 à 50% dans les autres pays européens. Pis, les syndicats ont perdu une grande part de leur assise dans le secteur tertiaire (central dans l’économie) depuis les années 70. Donc, le rapport de force est presque inévitable pour permettre des avancées sociales ou la défense de certains acquis…ce qui crée une culture de la manifestation en France.

©Bertrand Gaudillère, Rue du Peuple, 2010.

LE SYNDICALISME EN FRANCE

Les syndicats ne sont légalisés qu’en 1884 avec la loi Waldeck- Rousseau mais le syndicalisme reste interdit dans la fonction publique. LA GCT ( Confédération Générale du Travail) est fondée en 1895 . Très marqué par le marxisme elle se fonde sur la lutte des classes et l’action directe, elle se veut aussi « révolutionnaire » et indépendante des partis politiques.  En 1919, la CFTC ( Confédération des Travailleurs Chrétiens) propose un contrepoids à la tradition marxiste, c’est un syndicat moins virulent et réformiste. En 1941 le Régime de Vichy dissout les organisations syndicales et forme des corporations réunissant patrons et employés.Les libertés syndicales sont rétablies par une loi du 27 juillet 1944 et les confédérations dissoutes sont recréées.

En 1948,un courant sécessionniste de la CGT, réformiste et opposé à la domination du Parti communiste français sur la CGT, crée la CGT-FO.

En 1964, la CFTC décide d’abandonner les références sociales chrétiennes et de changer le nom de leur organisation. La CFTC devient  CFDT (Confédération française démocratique du travail). Toutefois, une minorité de militants estimant qu’il s’agit plutôt d’une « rupture » décide de « maintenir » la CFTC.

En 1992, le mouvement « autonome », comportant principalement des syndicats qui, en 1947, avaient refusé de choisir entre la CGT et FO, s’organise dans l’UNSA.

©Bertrand Gaudillère, Rue du Peuple, 2010

LA RETRAITE EN FRANCE

Le régime de Vichy a le premier, mis en place un embryon de retraite par répartition (en utilisant les fonds de retraites capitalisés depuis 1930. En effet le décret- loi du 14 mars 1941 crée  une pension de retraite par répartition pour les assurés du commerce et de l’industrie et les professions agricoles dans le cadre de la « Révolution nationale ». Mise en place par René Belin, ancien dirigeant de la CGT devenu ministre du Travail sous le régime de Vichy. Le régime de retraite par répartition tel que nous le connaissons a été adopté en 1944 par le Programme du Conseil national de la Résistance et mis en application dès 1946. La retraite par répartition est un système de financement des pensions de retraite, qui consiste à les alimenter directement à l’aide des cotisations prélevées au même moment à cet effet sur la population active. Les cotisations de l’assurance-vieillesse sont donc redistribuées entre tous les pensionnés.

Réformes

1993 : réforme Balladur
1995 : échec du plan Juppé
1999 : création du Fonds de réserve pour les retraites
2003 : réforme Fillon
2007 : réforme des régimes spéciaux
2010 : réforme Woerth

QUELQUES CHIFFRES SUR LA RETRAITE

– Plus de 15 millions de retraités en France – Pension moyenne en brut (base + complémentaire) tous régimes confondus : 1.122 euros par mois en 2008, 825 euros pour les femmes, 1.426 pour les hommes (chiffres de la Drees, excluant pensions de réversion et minimum vieillesse)
– 70% des actifs relèvent du régime général (salariés du privé) et du régime des salariés agricoles de la Mutualité sociale agricole (MSA).
– 10% des actifs relèvent des régimes de non-salariés, comme le Régime social des indépendants (RSI, commerçants et artisans), les régimes des professions libérales (CNAVPL) ou encore le régime des avocats (CNBF).
– 20% des actifs relèvent des régimes spéciaux (fonction publique, régimes spécifiques des entreprises publiques)
-10,7 milliards d’euros de déficit en 2010.

Retraites de base du régime général (salariés du privé)

– Plus de 12 millions de retraités pour environ 17 millions de cotisants
– 734.000 nouveaux retraités en 2009
– Pension : 50% du salaire annuel moyen des 25 meilleures années en cas de carrière complète (les salaires annuels sont pris en compte chaque année dans la limite du plafond de la Sécurité sociale, qui est en 2010 de 2.885 euros).
– Pension moyenne de base en brut: 599 euros (681 euros pour les hommes, 531 pour les femmes) en 2009 auquel il faut ajouter les retraites complémentaires (cotisation par le salarié)
– Pension moyenne de base en brut des nouveaux retraités 2009 qui ont eu une carrière complète au régime général: 979 euros
– Age moyen de liquidation des droits: 61,68 ans (ne tient pas compte des départs anticipés avant 60 ans)
– Déficit: 7 milliards EUR en 2009

Retraites complémentaires obligatoires des salariés
– Salariés du privé: plus de 18 millions de salariés cotisent à l’ARRCO, et près de 4 millions de cadres cotisent également à l’AGIRC.
Ces régimes versent des pensions complémentaires à plus de 11 millions de retraités, dont 2,5 millions de cadres.
– L’ARRCO a versé des pensions complémentaires d’environ 300 euros en moyenne en 2008, l’AGIRC d’environ 750 euros.

Retraites de la fonction publique

– 1,5 million de pensionnés de droit direct dans la fonction publique d’Etat, plus de 790.000 dans les fonctions publiques territoriales et hospitalières. 600.000 pensions de droits dérivés (réversion) dans les trois fonctions publiques.
– Calcul de la pension: 75% du salaire de référence calculé sur les six derniers mois de traitement (n’inclut pas les primes).
– Montant moyen des pensions: 1.191 euros dans la fonction publique territoriale, 1.265 euros dans l’hospitalière, 1.952 euros pour les pensions civiles de la fonction publique d’Etat. Pas de pension complémentaire.
(Chiffres du dernier rapport annuel sur l’état de la Fonction publique)

Spécificités françaises
– Part des dépenses de retraites publiques dans le PIB: 12,4% en France, soit le troisième rang des pays de l’OCDE derrière l’Italie et l’Autriche.
– Place des fonds de pension en valeur des actifs par rapport au PIB: 1,1% en France, soit l’avant-dernier rang des pays de l’OCDE (132,2% aux Pays-Bas, 86,1% au Royaume-Uni, 4,1% en Allemagne)
– Taux d’emploi des seniors (55-64 ans): 38,3% en France contre une moyenne de 45,6% dans l’Union européenne (la France figure au 19e rang sur 27)
(Chiffres fournis par la Caisse nationale d’assurance vieillesse)

- 56% des Français hostiles à un report de l’âge de départ à la retraite. 38% d’entre eux se disent d’ailleurs prêts à manifester ou à faire grève pour dénoncer un tel projet, selon un sondage TNS Sofres/Logica pour Europe 1 diffusé en sept 2010

REGIME DE RETRAITE DES DEPUTES ET SENATEURS

(Interview de Marie-Laure Dufrêche Délégueé Générale de Sauvegarde des Retraites. par Cpital.fr)

Alors qu’ils sont censés donner l’exemple, députés et sénateurs bénéficient de régimes spéciaux particulièrement avantageux. Un seul mandat de cinq ans permet aux députés de percevoir une retraite de 1.550 euros ce qui correspond, à ce que  touche, en moyenne, un salarié du privé, après 40 années de travail. Mieux encore, la quasi-totalité d’entre eux cumule cette pension avec d’autres pensions, notamment celle d’élu local.

Capital.fr : Quels sont ces « privilèges » ?
Marie-Laure Dufrêche : Le régime de retraite des députés fonctionne par répartition, mais leur caisse n’est alimentée qu’à hauteur de 12 % par des cotisations. Le solde du financement est assuré par une subvention votée par les… parlementaires et payée par l’Etat, donc les contribuables. Le régime des députés coûte aux Français la bagatelle de 52 millions d’euros par an, sur les 60 millions de prestations versées. Autre avantage : ils peuvent cotiser double pendant 15 ans, puis 1,5 fois les 5 années suivantes. Ils auraient tort de s’en priver puisque le rendement de leur régime est imbattable : pour un euro cotisé, un député touchera 6 euros à la retraite, contre 1 à 1,5 euro pour un Français lambda. Ainsi, en seulement 22,5 années un député validera l’équivalent d’une carrière pleine, soit quarante annuités.

Capital.fr : Les sénateurs sont-ils aussi bien lotis ?
Marie-Laure Dufrêche : Les sénateurs peuvent aussi cotiser double et le rendement de leur régime est équivalent à celui des députés. Leur caisse fonctionne, en partie, par capitalisation. Les cotisations couvrent 43% des dépenses, le reste est financé par les intérêts de leurs placements. Leur régime a le mérite d’être bien géré puisque fin 2008, leur caisse était excédentaire de 575 millions d’euros, ce qui leur permet d’assurer 23 années de prestations. Dernier avantage de nos élus : en cas de décès, le veuf ou la veuve reçoit 66% de la pension du défunt, sans condition de ressources. Or, dans le privé, les conditions pour recevoir une pension de réversion sont tellement drastiques que le conjoint conjoint survivant ne perçoit rien du régime général dès lors que ses ressources personnelles dépassent 1528 euros par mois.

Propos recueillis par Frédéric Cazenave

TRAITEMENT MEDIATIQUE DES MANIFESTATIONS DE 2010

à lire la chronologie du traitement médiatique sur le blog www.collectif.item.com …édifiant!

BIO BERTRAND GAUDILLERE

C’est un photojournaliste engagé, il a fondé le collectif de photographes collectifitem avec Julien Brygo, Romain Etienne, Franck Boutonnet, Marc Bonneville. Il travaille sur les sujets aussi divers que la marginalité, les sans-papiers…

©Bertrand Gaudillère Rue du Peuple, 2010.

Yougoslavie….Guerres et Génocides.

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© Alexandra Boulat, massacre d’Obrinje, Kosovo, 1999.

En 1991 la disparition du bloc soviétique provoque l’explosion de la Yougoslavie… font sécession : la Slovénie (juin 1991),la Croatie (juin 1991), la Bosnie-Herzégovine (octobre 1991), la Macédoine (septembre 1991). Mais l’ethnie dominante, Serbe, ne l’entendait pas ainsi. De ce fait, de 1991 à 1999, une série de guerres dévasta la Yougoslavie. Alexandra Boulat a couvert l’ensemble de la période et a été primée par le Grand Prix Paris Match pour sa série sur le Kosovo. Elle racontait cette période en ces termes : « J’ai couvert ce conflit jusqu’à l’écoeurement. J’ai vu à l’œuvre, toujours et encore la même hystérie lorsque les Serbes s’efforçaient de mettre leur emprise sur les républiques désireuses de se séparer de la Yougoslavie. Pendant presque dix ans, j’ai accompagné au cimetière des milliers de personnes, Croates morts pour la Croatie, Serbes pour la Grande Serbie, Bosniaques parce qu’ils étaient Bosniaques et à la fin Albanais, au Kosovo, parce qu’ils en avaient assez des Serbes. Tout au long du chemin, ma vision de l’humanité s’est assombrie et tant d’atrocités m’ont fait prendre conscience de la présence du Démon sur la Terre. »

Cette photo, prise au Kosovo en 1999, est un témoignage des crimes de guerres et crimes contre l’humanité qui se sont multipliés sur les différentes zones de conflit. Ce cliché montre le massacre d’ Obrinje. Le 26 septembre 1999 21 Kosovars ont été assassinés par les forces Serbes alors qu’ils se cachaient dans les bois. Des civils, hommes, femmes, enfants et vieillards ont été exécutés. Ce gros plan sur la main d’un cadavre, blanchâtre et violacée, émergeant des feuilles de la forêt est poignant. C’est une main qui dit tellement avec une économie de moyens : doigts nets, environnement flou, un rayon de lumière au premier plan vient transpercer le regard et contraste avec l’arrière-plan sombre. Cette main focalise tout notre regard. C’est une main qui implore. La découverte de ces atrocités à Obrinje a soulevé l’opinion publique internationale et exercé une pression politique sur le gouvernement yougoslave pour cesser ses exactions.

La situation du Kosovo est l’un des nombreux conflits qui ont agités la Yougoslavie dans les années 90.

Laetitia Canal-Cologni

POUR APPROFONDIR

ALEXANDRA BOULAT

Alexandra Boulat (née le 2 mai 1962 à Paris , décédée le 5 octobre 2007 à Paris) était une photographe française connue pour son travail sur les zones de guerre. Photojournaliste de réputation internationale, elle a couvert la plupart des conflits des vingt dernières années, en ex-Yougoslavie, en Irak, en Afghanistan ou en Palestine. Alexandra Boulat était la fille du photographe français Pierre Boulat, qui travailla longtemps pour le magazine américain Life et de la fondatrice et directrice de l’agence Cosmos, Annie Boulat. Elle fit des études de dessin et d’histoire de l’art à l’École des beaux-arts de Paris. En septembre 2001, elle co-fonda avec six autres photographes — parmi lesquels l’ancien photographe de Magnum James Nachtwey — l’Agence VII. Avant cela, elle était représentée par l’agence Sipa Press et par l’agence de sa mère, Cosmos. Son travail a été publié dans de nombreux magazines, parmi lesquels : Time, Newsweek, Paris-Match, Géo et le National Geographic Magazine.

Alexandra Boulat a été récompensée par de nombreux prix: Visa d’or pour l’image du Festival de photojournalisme Visa pour l’image de Perpignan en 1998 et le Grand Prix Paris Match du photojournalisme 1998, l’Infinity Award du photojournalisme en 1999, le World Press en 2003, ou encore le Prix de la meilleure femme photographe aux Oscars Bevento (Italie) en 2006. Installée à Ramallah depuis 2006, elle a particulièrement couvert la situation dans la bande de Gaza et le conflit inter-palestinien. Au mois de juin 2007, alors qu’elle était en reportage pour Paris-Match à Ramallah en Cisjordanie, elle fut victime d’une rupture d’anévrisme, rapatriée à Paris, elle est décédée sans le 5 octobre 2007.(wikipedia)

Alexandra Boulat, Éclats de guerre, préface de Bernard-Henri Lévy, 224 pages, Éd. des Syrtes, Paris, 2002
Alexandra Boulat, monographie parue aux Éditions Nicolas Chaudun, 176 pages, 2010
Agence VII

POUR ALEXANDRA BOULAT.

Ce jour-là, j’avais décidé de visiter plusieurs expositions Visa pour l’image au couvent des minimes. Ce jour-là j’ai commencé par « Voyons- Voyons », rétrospective de la photojournaliste Alexandra Boulat. Ce jour-là, j’ai vu, plus que des photos, plus que des sujets traités avec talent ou génie…oui bien plus que cela…j’ai vu le monde par son regard…horreur, lâcheté, dégout, misère, fragilité, délicatesse, grâce, espièglerie. Il y avait dans ses photos une maîtrise si consommée de la technique et une évocation si naturelle des sentiments., un sens si aigu de « l’instant qui compte »! Alexandra Boulat portait  ses photos vers la perfection en toute modestie, avec conviction, avec force, avec tendresse, avec justesse.  Par le photojournalisme, Alexandra Boulat répondait à un appétit aussi élémentaire que généreux: chercher l’Autre. Ce jour-là, j’ai vraiment vu la grandeur et la décadence du monde et j’en suis restée terriblement habitée. Ce jour-là, je n’ai rien pu voir d’autre et je suis restée face à face avec Elle.

Laetitia Canal-Cologni

LES CONFLITS EN YOUGOSLAVIE

La Yougoslavie réunissait les Slaves du Sud, cet état fût fondé le 1 décembre 1918 et disparaît sous l’occupation allemande en avril 41. Après la libération de la Yougoslavie sous l’égide de Tito, le roi Pierre II est déposé le 29 novembre 1945, Tito fonde la République fédérative populaire de Yougoslavie. En 1991 la disparition du bloc soviétique entraîne l’explosion de la Yougoslavie… font sécession : La Slovénie (indépendante le 25 juin 1991, entrée dans l’UE le 1 mai 2004). La Croatie (déclaration d’indépendance le25 juin 1991, reconnaissance le 15 janvier 1992. La Bosnie-Herzégovine (déclaration d’indépendance en octobre 1991, confirmée par référendum en mars 1992). La Macédoine (indépendance en septembre 1991). Mais l’ethnie dominante, Serbe ne l’entendait pas ainsi. De ce fait de 1991 à 1999, une série de guerres dévasta la Yougoslavie.

Guerre en Slovénie (1991) connue sous le nom de guerre des Dix Jours ;

Guerre en Croatie (1991-1995) . La guerre de Croatie, ou guerre d’indépendance croate, s’est déroulée entre août 1991 et novembre 1995, à l’issue de l’effondrement de la fédération yougoslave et a opposé la République de Croatie nouvellement indépendante à l’Armée populaire yougoslave et à une partie des Serbes de Croatie.

Guerre en Bosnie (1992-1995) La guerre de Bosnie-Herzégovine (souvent appelé Guerre de Bosnie par abus de langage) est une guerre entre les peuples Serbes, Croates et Bosniaques ayant eu lieu sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine et ayant impliqué principalement la Yougoslavie (RFS Yougoslavie puis RF Yougoslavie), la Serbie, la Croate et les différentes entité de l’actuelle Bosnie-Herzégovine. Elle débuta le 6 avril 1992 lorsque l’armée populaire yougoslave attaqua la Bosnie-Herzégovine, qui venait de déclarer son indépendance le 1er mars. La guerre s’est achevée par les Accords de Dayton le 14 décembre 1995.

Guerre au Kosovo (1996 puis mars 1998-juin 1999) oppose Serbe et Kosovars pour l’indépendance de ces derniers.

Conflit en Macédoine (2001) Ce conflit  était une insurrection armée menée par l’Armée de libération nationale , organisation d’origine kosovare, contre le gouvernement de la République de Macédoine. Cette organisation manifestait ainsi la volonté des Albanais de Macédoine d’accéder à plus d’autonomie et de reconnaissance de la part de l’État. .

 

   ©Alexandra Boulat, Civils armés se réjouissant de la prise de Vukovar, Croatie, nov, 1991

LES ENJEUX 

Pour expliquer l’explosion de la Yougoslavie on avance souvent les arguments suivants
– la thèse des haines interethniques saupoudrées d’ antagonismes religieux ( Croates catholiques, Bosniaques musulmans et Serbes Orthodoxes) renvoie dos à dos les protagonistes mais c’est une explication un peu courte.

– le nationalisme « serbo-communiste ». L’éclatement du pays et la crise du projet socialiste ayant simplement poussé les bureaucrates de l’ancien parti unique à troquer leur habit « communiste autogestionnaire » contre une défroque nationaliste.

Pas faux, mais la réalité est plus complexe. La Yougoslavie communiste n’avait pas entretenu une unité artificielle qui a explosé comme une cocotte-minute à la disparition du régime, elle avait réussi à former une unité, certes fragile et inégalitaire et sous la pression d’un régime dictatorial, tout en conservant les particularismes identitaires de chaque région…au moins pendant la période du titisme

LE TITISME AVAIT-IL FORGE UNE UNITE YOUGOSLAVE ?…

Après 1948 Tito, dirigeant Yougoslave rompt avec Staline et construit une voie socialiste propre à la Yougoslavie : c’est le titisme. Il arrive, non sans violence et iniquité, à forger une forme d’unité nationale en s’appuyant sur 3 facteurs :

■Le ciment antifasciste : En 1946 la Yougoslavie s’est reconstruite contre un ennemi extérieur (les régimes fascistes Allemand et Italien) qui a constitué une sorte de ciment. Dans les années 90, au contraire, il n’y avait plus d’ennemi extérieur commun mais plutôt des intérêts divergents…l’Allemagne était attractive en Slovénie et en Croatie, et perçue comme l’ennemi héréditaire en Serbie.
■Suite au printemps croate au début de l’année 1970, durement réprimé, Tito a accordé en 1974 une constitution fédérale qui donnait plus d’autonomie aux républiques en donnant notamment le droit de faire sécession. Droit qu’elles utilisèrent 20 ans plus tard.
■Par ailleurs sur le plan économique, le titisme développe l’autogestion. Les entreprises sont gérées par des dirigeants théoriquement élus par les travailleurs. La notion de rentabilité est appliquée de manière générale, avec l’abandon de la planification économique. La Yougoslavie devient un des pays les plus prospères de la sphère soviétique. De ce fait, le titisme a instauré une véritable identité Yougoslave qui s’est forgée tout en gardant une identité serbe, croate, slovène ou albanaise.
Cette politique est abandonnée à la mort de Tito.

LA DISPARITION DU TITISME ET LE RETOUR DES TENSIONS

Le parti unique, le manque de transparence et de cohérence dans les choix économiques ont facilité la prolifération d’une bureaucratie décentralisée, corrompue et absurde réduisant à néant les évolutions « positives » de la Yougoslavie. La répression des tensions sociales et nationales vont pousser au chacun-pour-soi. L’écart de revenu national par habitant s’est creusé entre Républiques dotées d’une démographie et de structures de production très différentes. Bref, on était loin des haines interethniques comme seules causes de la crise. En revanche, la crise elle-même a nourri la montée des nationalismes. En 1989 M. Slobodan Milosevic remit en cause toute autonomie présentée comme « antiserbe », il abolit le statut particulier du Kosovo et de la Voïvodine.

Le nationalisme en fait …des nationalismes …En Yougoslavie plusieurs variantes de nationalismes vont s’affirmer. En Serbie M. Slobodan Milosevic exploitera un nationalisme neocommuniste pour consolider son pouvoir à la tête de son parti « socialiste » au début des années 90.

En Croatie le nationalisme fut porté par des démocrates qui affichaient un farouche anticommunisme et une ouverture européenne.

Mais, pour les dirigeants croates, le Kosovo devait rester une affaire intérieure à la Serbie pour que la question des Serbes de Croatie restât une affaire intérieure croate. Les dirigeants serbes défendaient le droit du peuple serbe à se retrouver dans le même Etat mais le refusaient aux Albanais. Le pouvoir croate refusait aux Serbes de Croatie ce qu’il tentait d’imposer pour les Croates de l’Herceg-Bosna.

©Alexandra Boulat, Sniper Alley , Sarajevo, Bosnie-Herzégovine, oct 1993

LA REACTION DES PAYS EUROPEENS

L’éclatement de la Fédération multinationale yougoslave a placé les Occidentaux devant des contradictions majeures sur la question du droit des peuples. Au lieu de chercher à protéger les communautés les plus menacées, ils prirent fait et cause pour les nations dominantes et leurs alliés « traditionnels » : la Croatie et la Slovénie pour l’Allemagne, la Serbie pour la France. Ils n’eurent aucune approche systématique des questions nationales imbriquées sur cet espace balkanique. La question du droit à l’autodétermination se posait. Fallait-il reconnaître un droit des peuples (au sens ethnico-national) ou des Etats ? Devait-on assimiler le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes à la constitution d’un Etat séparé ? Quelle place accorder aux minorités ?

Le but proclamé des gouvernements occidentaux – stabiliser dans les Balkans une communauté d’Etats vivant en paix – eut de terribles contreparties : crimes de guerre impunis, l’injustice dans le traitement des questions nationales et le creusement des écarts de développement nourriront des conflits durables.

Bref …L’explosion de la Yougoslavie c’est l’échec des états multiethniques sous un régime communiste centralisé (malgré la parenthèse titiste voir ci-dessus), c’est l’explosion des antagonismes thnico-religieux, c’est la manipulation du nationalisme à des fins bassement politiciennes et idéologiques, c’est aussi l’échec de la politique européenne qui, tiraillée par les intérêts des nations, n’a pas appréhendé la question dans sa globalité. Au milieu du désastre…des civils, l’épuration ethnique et le naufrage de toutes les valeurs qui construisent le projet européeen.

João Silva. Photojournaliste …sacerdoce et sacrifice.

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© João Silva, Irak 2010.

Aujourd’hui Paris-Match est  à la hauteur de sa devise « le poids des mots le choc des photos ». Entre une masse d’ « infos people » insignifiantes, la revue publie un article ainsi que les trois clichés pris par João Silva, blessé après avoir sauté sur une mine antipersonnel, le 23 octobre 2010 en Afghanistan… João Silva est une légende du photojournalisme, il fait partie de ce qui a été surnommé le Bang Bang Club, un groupe de photojournalistes ayant couvert la fin de l’Apartheid en Afrique du Sud. Très gravement blessé aux jambes, João  Silva veut « shooter » encore et toujours… L’appareil qu’il avait en main ayant perdu son objectif, arraché par un éclat,  João Silva s’ est emparé de son deuxième appareil et a pris trois clichés alors qu’il était à terre. Ce sont des verticales, format imposé par la situation… terrible et lucide… « shooter » encore et toujours, il faut faire le job! Quelle morale tirer de ces photos ? Aucune. Juste une réflexion…depuis toujours les photojournalistes ou les journalistes tout court donnent leur vie pour nous donner des nouvelles du monde… Sacerdoce et sacrifice. Le travail de journaliste ne consiste pas seulement à relater des faits, il consiste à exposer sa vie pour révéler la réalité d’un monde dont nous nous désintéressons un peu trop. Aujourd’hui, les médias de masse abandonnent ce journalisme de fond pour proposer une information aseptisée illustrée par des visuels le plus souvent innocents, le tout saupoudré de faits divers inutiles. Audimat et divertissement…il y a quelque chose de pourri au royaume des médias.

Il suffit juste de regarder les derniers JT, mais aussi la Une de la presse écrite dans la semaine de Noël… « le froid », « la neige », «  Quels cadeaux pour Noël », « le retard d’un train », « Y aura-t-il du chapon ou de la dinde sur les tables ? », « comment digérer après les fêtes ? »… j’en suis écoeurée …et je me demande ce que pouvait penser João Silva hospitalisé  au Walter Reed Army Medical Center in Washington, DC, devant ces titres navrants (qui doivent sensiblement être les mêmes aux Etats-Unis ) , lui, amputé de ses jambes pour avoir voulu faire son boulot pour… nous… Parfois je pense à ce dialogue imaginé par  Michel Déon dans Madame Rose

« -Je le sais que mes articles sont de la merde, mais est-ce de ma faute si les lecteurs sont coprophages ? Je ne vais pas les laisser mourir de faim.
-Tu devrais. L’éthique…
-Dès que tu prononces le mot « éthique » on sait que tu es saoul.»   

Tout est dit ! Les lecteurs sont-ils coprophages ou est-ce plus facile de s’en convaincre ? Les médias de masse devraient y penser plus sérieusement et redonner au journalisme ses lettres de noblesse, au photojournalisme la place qu’il mérite…et le public… se remettre face à face avec un monde qui ne serait pas une illusion aseptisée… Non, le journalisme n’est pas mort ce sont nos consciences qui meurent.

Nous envoyons toute notre affection à João Silva et à sa famille. Nous avons aussi une pensée  pour Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier retenus depuis  UN AN en Afghanistan…ainsi qu’aux autres français retenus dans le monde.

Laetitia Canal-Cologni


© João Silva, Afghanistan, 2010…photos prises alors qu’il est blessé.

Pour soutenir  Joao Silva un site a été crée

 http://joaosilva.photoshelter.com/

www.joaosilva.co.za

http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/Un-photographe-du-New-York-Times-saute-sur-une-mine-221742/

POUR APPROFONDIR

João SILVA

Est un photographe d’origine portugaise, vivant en Afrique du Sud. Il a commencé à travailler comme photoreporter en 1989, et couvre les violences en Afrique du Sud.

Il travaille pour Reuters, The Star, puis pour le New York Times qui l’engage en 2000

Il a reçu de nombreuses récompenses dont le Word Press: 2ème prix 2005 pour la catégorie  « Problèmes contemporains » et la Mention Honorable 2006,  pour la catégorie « the Spot News Stories  »

 Livres

Greg Marinovich: The Bang-Bang Club: Snapshots from a Hidden War, Basic Books; First Trade Paper Edition edition, 2001.

In the Company of God, STE Publishers, 2005 

Le Bang-Bang Club

 C’ est le surnom donné par la presse sud-africaine à une groupe de photojournaliste (le magazine « Living » les baptise les « Bang Bang Paparazzi »…eux préfèrent s’appeler le « Bang-Bang Club ». Ce groupe est composé de Kevin Carter, Greg Marinovitch, James Nachtwey, Ken Oosterbroek et  João Silva qui couvraient les violences dans les townships au moment de l’apartheid ( années 90). Téméraires et engagés, proches de l’ANC ils ont payé souvent très cher leur volonté d’informer:

Ken Oosterbroek a été tué par balle le 18 avril 1994 en Afrique du Sud

Greg Marinovich a été blessé par balle le 18 avril 1994 en Afrique du Sud.

Kevin Carter s’est suicidé le 27 juillet 1994 suite à la mort de son camarade et à la vive polémique qui avait suivi l’attribution du Pulitzer à son cliché « L’enfant et le vautour. »

João  Silva a perdu ses deux jambes en sautant sur une mine en Afghanistan le 23 octobre 2010

©Greg Marinovich, Ken Oosterbroek (qui est mortellement blessé) et João Silva, Thokosa, le 18 avril 1994.

Shoot me! … I’m Irish!

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©Pierre Tardjman, Shoot me I’m Irish.

Each year, on January 30th, some Irish people walk in the streets in order to commemorate the Bloody Sunday, this day 26 civilians were killed by parachutists of the British army, whereas they didn’t have weapons. 13 of them, among whom 7 teenagers died immediately. Bloody Sunday, also called the Bogside massacre -because of the place where the massacre took place-, happened on January 30th 1972. The victims, who were manifesting, came from the Nothern Ireland Civil Rights Association (NICRA), a political movement who defends the equality before the law. All happened in LondonDerry, an Irish and British city. The victims were Irish; the parachutists, who killed those innocents without reason, were British. The government probably asked them to do that.
This event symbolizes the eternal fight which opposes Irish against British.

On the photo, taken by day, one individual attracts our eyes. He is an old man who stands in the middle of the photo, taken by a close shot. Everything around him is blurred. Moreover, he constitutes the triangle which organizes the photograph. He wears a black T-shirt where is written « Shoot me I’m Irish » upon an orange, green and white cercle (as a target) drawn on his heart. This short humoristic sentence is a pun: it refers to the camera of the photograph but it is also quite provoking towards British people. We can’t see his eyes and hands, because those elements often define a person. Taking the photo, the photographer didn’t want the man to be easily recognizable. Maybe be the caption is more important than the identity of the man. Each Irish coud be  a target. Actually, we don’t have to know his identity to understand the message : this old man embodies the whole generation who lived Bloody Sunday, and who still protests against the injustices Irish endure.

Bertherat-Dentone Zoé, Buisson Jean-Philippe, Seconde Euro, Lycée François Arago, Perpignan, 2010

MORE…

London Derry is located in Northern Ireland ( Ulster), it’is the second biggest city in Northern Ireland

Londonderry or Derry?

According to the city’s Royal Charter of 10 April 1662 the official name is Londonderry. This was reaffirmed in a High Court decision in January 2007 when Derry City Council sought guidance on the procedure for effecting a name change. Despite the official name, the city is more usually known as simply Derry, which is an anglicisation of the old Irish Dair and translates as « oak-grove/oak-wood ». The name « Derry » is preferred by nationalists and it is broadly used throughout Northern Ireland’s Catholic community, as well as that of the Republic of Ireland, whereas many unionists prefer « Londonderry »; however in everyday conversation Derry is used by most Protestant residents of the city. Apart from this local government decision, official use within the UK the city is usually known as Londonderry. In the Republic of Ireland, the city and county are almost always referred to as Derry, on maps, in the media and in conversation. Usage varies among local organisations, with both names being used. Examples are City of Derry Airport, City of Derry Rugby Club, Derry City FC and the Protestant Apprentice Boys of Derry, as opposed to Londonderry Port, Londonderry YMCA Rugby Club and Londonderry Chamber Of Commerce.] Most companies within the city choose local area names such as Pennyburn, Rosemount or « Foyle » from the River Foyle to avoid alienating the other community. Londonderry railway station is often referred to as Waterside railway station within the city but is called Derry/Londonderry at other stations. The form « Londonderry » is used for the post town by the Royal Mail, however use of Derry will still ensure delivery.
The city is also nicknamed the Maiden City by virtue of the fact that its walls were never breached during the Siege of Derry in the late 17th century. It is also nicknamed Stroke City by local broadcaster, Gerry Anderson, due to the ‘politically correct’ use of the oblique notation Derry/Londonderry (which appellation has itself been used by BBC Television). A recent addition to the landscape has been the erection of several large stone columns on main roads into the city welcoming drivers, euphemistically, to « the walled city. »
The name Derry is very much in popular use throughout Ireland for the naming of places, and there are at least six towns bearing that name and at least a further 79 places. The word Derry often forms part of the place name, for example Derrymore, Derrybeg and Derrylea.

Bloody History

The city has long been a focal point for important events in Irish history, including the 1688-1689 siege of Derry and Bloody Sunday on 30 January 1972.
A civil rights demonstration in 1968 led by the Northern Ireland Civil Rights Association was banned by the Government and blocked using force by the Royal Ulster Constabulary. The events that followed the August 1969 Apprentice Boys parade resulted in the Battle of the Bogside, when Catholic rioters fought the police, leading to widespread civil disorder in Northern Ireland and is often dated as the starting point of the Troubles.
On Sunday January 30, 1972, 13 unarmed civilians were shot dead by British paratroopers during a civil rights march in the Bogside area. Another 13 were wounded and one further man later died of his wounds. This event came to be known as Bloody Sunday.
Violence eased towards the end of the Troubles in the late 1980s and early 1990s. Irish journalist Ed Maloney claims in « The Secret History of the IRA » that republican leaders there negotiated a de facto ceasefire in the city as early as 1991. Whether this is true or not, the city did see less bloodshed by this time than Belfast or other localities.
The city was visited by a killer whale in November 1977 at the height of the Troubles; it was dubbed Dopey Dick by the thousands who came from miles around to see him.[

Pierre Terdjman

Pierre Terdjman is a photojournalist, trained at the school of war for 7 years. He has lived in Israël, between Tel Aviv and Jerusalem. He worked from 2003 to 2007 for the « Daily Haaretz », Israeli newspapers and photos. He began to make themselves known through the photographs he took on the tsunami in Sri Lanka and through his work on the war in Georgia, but also on post-election conflict in Kenya (he took pictures of people dissatisfied the results of rigged elections), and lastly but for this series of photographic “Shoot me I’m Irish” where he denounced the Bloody Sunday in England. Pierre Terdjman also worked of “Paris Match” after returning to the Gamma Agency in 2007, hence it followed several months the French soldiers in Afghanistan. He was asked by the Ministry of Culture to hold an exhibition of photos of Haiti January 12, 2010. Pierre Terdjman worked in newspapers and magazines such as Le Monde, The Observer, The Guardian
U2 Bloody Sunday, Lyrics


Ican’t believe the news today
Ican’t close my eyes and make it go away
How long, how long must we sing this song ?
How long ? Tonight we can be as one
Broken bottles under children’s feet
Bodies strewn across a dead end street
But I won’t heed the battle call
It puts my back up, puts my back up against the wall
Sunday, bloody Sunday
Sunday, bloody Sunday
And the battle’s just begun
There’s many lost, but tell me who has won?
The trenches dug between our hearts
And mother’s children, brothers, sisters torn apart
Sunday, bloody Sunday
Sunday, bloody Sunday
How long, how long must we sing this song ?
How long ? Tonight we can be as one
Tonight, tonight
Sunday, bloody Sunday
Sunday, bloody Sunday
Wipe the tears from your eyes
Wipe your tears away
Wipe your bloodshot eyes
Sunday, bloody Sunday
Sunday, bloody Sunday

Bloody Sunday

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©Pierre Terdjman, Shoot me I’m Irish.

The photo

This photo was taken by Pierre Terdjman  in Londonderry, in 2009. Today, Ireland is reached by the recession of the economic crisis. But at the time of Bloody Sunday, it was not the same background, Ireland was shaken by a huge political crisis… a bloody war between catholics and protestants, Irish and English. This recent photo was shot during The Bloody Sunday Commemorative March in the Bogside in Londonderry. This picture could be useful to show how Irish  are proud of themselves.

We can see that this picture is a large plan of the people walking. Thanks to the high-angle shot the road seems to be deeper. Terdjman uses the rule of thirds.  The photo uses 3 main horizontal lines. First line:  the foreground of the picture, there is a banner where we can read: “BLOODY SUNDAY THE DAY INNOCENCE DIED “ in upper cases and bold type.
Second line: the demonstrators. Third line:  the background the landscape. But this square construction is (un)balanced by the askew view. It’s quite interesting. This is probably an effect the photograph wanted. There are 6 main perspectives lines joining in the vanishing point: in the middle of the demonstration , in the middle of the street, in the center of the picture. Demonstrators are walking peacefully in the street, holding thirteen white crosses, each one represents a victim, it’s look like a funeral procession.
 The colors are cold, dark, mixed with different shades of grey. The chipper color is the Irish flag, orange white and green…the colours are may be  voluntarily underexposed and quite washed out.
 The picture is closed by a wall on the left, and at the top of it there are barbed wires, it shows that the place is not safe, and Irish must be protect by army. In front of all the people, at the right side we can see young children holding the symbolic white cross which is bigger than them. We can deduce that the young generations have to bear the weight of this tragedy.
Pierre Terdjman wants to show in the picture the pain of  Irish people, and their solidarity with the family of the victims.

Brun Noémie, Tribouley Alice, Seconde euro, 2010, Lycée François Arago Perpignan

 

 

 

 

 

 

The Place

 

 

The Event…Bloody Sunday

On Sunday January 30th 1972, 13 unarmed civilians were shot dead by British paratroopers during a civil rights march in the Bogside area.
The Northern Ireland Civil Rights association organized a pacific march, the wanted equal rights for protestants and catholic people. Hundreds of people were throw in jail by the Britannic army.
The organizers of the manifestation spoke with authorities to keep clear violence but the march coot and 28 unarmed persons be shooted, while 13 died. There are two versions of the event :
– Britannic say the parachutists fight back IRA gunfire.
-Demonstrators say the Britannic army shot people casually in the crowd.
This event sweeps a lot of terrorist attack by Irish people and English republicans change their mind about this war.

The photojournalist

Pierre Terdjman was born in 1972. This young photographer has been covering news events all around the world for clients such as famous news papers (Le Monde, The Observer, EPA…)

Since 2003 he has been working as a permanent stringer for the European Press Agency, he doesn’t hesitate to take risks in the most dangerous countries of the world: He has been in Afghanistan, Haiti, and Kenya …


EIRANCE AUPRES DE MICHEL DEON.

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Credit photo LCC

Du 28 février au 3 mars en Irlande pour réaliser un entretien sur Déon et Le Roussillon…ces quelques jours volés à Michel Déon, de l’ Académie Française feront l’objet d’un livre publié à la fin de l’année 2011 …en voici une  esquisse…

Mercredi 3 mars 2011. Je prends ma voiture direction l’aéroport de Dublin. Driving on
left. L’esprit d’escalier me guide vers ce livre offert la veille par vous, Michel Déon,
…jeu de miroirs. Il commence ainsi :
« Nous n’avons que les miroirs pour connaître notre image et, disait Jean Cocteau, ils
feraient bien de réfléchir avant de nous la renvoyer (…) Quelle chance a Narcisse de se
noyer dans son propre reflet ! Il ne connaîtra jamais la décrépitude (…) Mais nous,
notre « vrai nous » a-t-il survécu à cette ruine et, caché dans les replis de la mémoire si
aisément trompeuse, a-t-il franchi sans trop de rides les cruelles années, sans trop de
reniements des belles illusions ? Je rouvre un petit carnet noir cartonné à l’ancienne
(…) ce n’est rien qu’un recueil de citations (…) voilà donc notre vrai visage, avec ses
coups de foudre, ses amertumes, et ses découvertes qui transfiguraient tout. Ce visage
n’en a cure d’un miroir quand le choix des lectures le reflète mieux sans le trahir ou
plutôt, ne trahit que ses états d’âme successifs, ses passades et ce coup de foudre
asséné par la rencontre d’un talent qu’on se rêvait et qu’un autre, en quelques mots vous
a soufflé au nez. »
Est-ce un hasard si j’aime noter, moi aussi, les citations des auteurs admirés, est-ce
qu’un hasard si mon carnet est rempli de vos citations, cher Michel Déon ?… Revenant de
cette Eire tapissée de shamrocks… je sais qu’il n’y a pas de hasard.
Je vous ai lu. Découvrant un auteur qui sait exprimer ce que je ressens avec une évidente
clarté, relever vos mots devint un jeu entre lectrice et auteur. Une étreinte littéraire,
respectueuse et platonique. Nous étions faits pour nous découvrir par pages interposées…
j’ai poussé l’audace jusqu’à rencontrer la plume, vous avez poussé la courtoisie jusqu’à
recevoir la fervente.
Vous avez raison, les livres sont des jeux de miroirs…J’ai contemplé mon reflet dans le
miroir de vos mots. Savez-vous que votre reflet se révèle malgré vous ? Oui,
certainement. Aucun mot n’est léger. Mûrement pensée, pesée, chaque phrase s’engouffre
dans un confessionnal. Vos citations vous trahissent plus qu’un aveu.
Pendant nos entretiens, m’appuyant sur mes modestes lectures, j’ai suivi à la trace vos
admirations, vos amitiés, en terre catalane pour en faire un recueil hommage. Le
remerciement d’une lectrice. Nous aurions pu bavarder assis à la terrasse du café de la
loge, face à la statue de Maillol assiégée par une sardane…ce fut à Tynagh… la vodka
remplaçant le pastis. Tynagh, village lové dans un labyrinthe de chemins étroits. From
crossroad to T cross. Eirance en préface. Tynagh, triangle des Bermudes, inconnu des GPS
et des cartes routières… c’est bien mieux ainsi. Vous rencontrer se gagne.
Dans votre bureau rempli de livres, le temps s’est oublié, s’est souvenu, sans rien
oublier. Un Davidoff dans le cendrier, un nuage de fumée, un souvenir envolé puis deux,
puis…Mots après mots, trait après trait, s’est dessinée une carte, celle d’une île à lire et à
relire…littéraire, artistique, historique, épique …déonienne ou déonesque…selon l’humeur,
selon les grains ou les éclaircies. J’ai erré dans cette île enchantée, butant sur des
trésors, galopant au rythme des Irish Draught, m’embourbant dans des bogs, gambadant
moins vite que Quarto près du Shannon… j’aurai voulu demeurer plus longtemps auprès de  Chantal et de vous, si généreux… mais la vie m’a happée. Il y a des pages difficiles à  tourner. Voici ce qu’il demeure de ces pages volantes. Cette parenthèse enchantée, je ne veux jamais l’oublier.

Laetitia Canal-Cologni.

Crédit LCC

LES CHIFFRES ONT UN VISAGE… lumière sur les sans-papiers en France

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Copyright Bertrand Gaudillere, collectif Item, Lyon.

Légende. Fin 2008 le gouvernement français se targue d’avoir procédé à 29 796 expulsions de sans papiers dans le courant de l’année écoulée. Le ministère de l’immigration et de l’identité nationale a fait preuve d’application !
On parle de dossiers, de situations administratives, de procédures, de textes de lois… jamais de personnes, de parcours, de familles ou de vies. 

TRAVAIL EFFECTUE PAR MELINA RAMOS ET OCEANE FOURCADE (1°S3) en 2011

ANALYSE DE LA PHOTO

Cette photo est prise de face à hauteur d’enfant, avec un plan taille pour l’enfant. Le père est volontairement « coupé » à partir de la taille pour focaliser l’attention sur l’enfant et pour rendre le père anonyme comme tous les sans-papiers qui n’ont pas d’identité au propre comme au figuré). Le cadrage est classique avec des lignes de force suivant le quadrillage de la règle des tiers, et des points de force où l’on trouve les éléments principaux du cliché. Gaudillère ne respecte pas exactement la rigueur du quadrillage, il déséquilibre volontairement sa photo. En effet la seconde ligne horizontale est centrée, et sur la gauche, on trouve 3 lignes verticales faisant ressortir les 3 points principaux de la photo : les yeux de l’enfant ainsi que sa main gauche tenant celle de son père. Cette photo donne à réfléchir sur le statut d’étranger, d’immigré et de sans-papiers nous avons cherché quelques chiffres qui tordent le cou aux préjugés dans notre manuel de géographie. Par ailleurs, cette photographie suggère le drame social  qui sous-tend cette politique d’expulsion des sans-papiers…on arrache des personnes qui travaillent et vivent en France dans des conditions souvent très difficiles pour les expulser vers un territoire qu’ils ne connaissent pas ou plus et dans lequel, parfois, il seront en danger. On arrache des parents à leurs enfants. Cela nous a fait réfléchir sur la notion de droits de l’homme… Liberté-égalité-fraternité…résonnent à vide dans le dossier des sans-papiers….
Cette photo a été retirée de la série « Les chiffres ont un visage » par Bertrand Gaudillère car il estime que toute l’attention des gens qui voient cette image se porte sur l’enfant, les attendrissent et les éloignent du vrai message que veut faire passer le photographe.  Il veut que ses photographies ne soient pas « polluées » par la condescendance. Celui-ci propose des séries de photographies dont les sujets sont toujours engagés ce qui n’est pas toujours facile à gérer. En effet, il peut rencontrer des difficultés pour exposer ses photos. «Mon travail est politique, mon but, c’est d’interroger les lois de la République, de faire réfléchir» déclare-t-il sur cette série.

Cette même série qui a fait polémique lors de son exposition dans une bibliothèque de Lyon:

«Les chiffres ont un visage» a été victime de la pression d’un groupe d’extrême-droite… nous dit l’article du 24 septembre 2009 dans 20 minutes.fr
« Annoncée pourtant dans le magazine Topo, l’expo de photos n’aurait pas plu à un groupuscule d’extrême droite, «les jeunesses identitaires lyonnais», nous explique le photographe. Ces derniers l’ont en effet fait savoir sur leur site Internet, dénonçant «cette collaboration entre un établissement public et une organisation d’extrême gauche soutenant des délinquants en situations irrégulière». Contacté par 20minutes.fr, Arnaud Delrieux, membre de l’association, explique avoir été «choqué qu’une manifestation dans un lieu public accueille des clandestins, qui sont des hors-la-loi».
A l’appel de cette organisation, mercredi, la bibliothèque aurait été inondée de mails, coups de téléphone et fax, dénonçant une exposition trop «politique». Ce qui, selon Arnaud Delrieux, aurait entraîné la fermeture de l’exposition. »
Finalement Bertrand Gaudillère apprend, le jeudi après-midi, que le vernissage aura lieu et que l’exposition sera maintenue.
Cet épisode nous fait nous poser des questions sur la liberté de s’exprimer, de présenter un point de vue.
Lors d’une manifestation organisée par plusieurs associations et partis politiques lors du Sommet des ministres européens pour l’immigration à Vichy, le 3 novembre 2008.st partis politiques lors du Sommet des ministres

LE PHOTOGRAPHE BERTRAND GAUDILLERE

http://www.collectifitem.com/

Bertrand Gaudillère:
photographe. Né en 1973, vit et travaille à Lyon
Membre fondateur du collectif item

Ce qui l’intéresse dans la photographie, « ce n’est pas un terrain en  
particulier mais le médium dans son ensemble et ce qu’il permet». Il  
se définit simplement comme photographe. Il croit aux dynamiques collectives, à l’échange et au partage comme  moteur d’action. item est la structure professionnelle qui permet à  ses projets d’exister et de se développer..

Centre de rétention où est détenu Carlos, un sans-papiers.

QUELQUES NOTIONS

Etranger est une personne qui ne possède pas la nationalité française.

Immigré c’est une personnée née à l’étranger qui quitte son pays d’origine pour s’installer dans un autre pays. Tous les immigrés sont des étrangers mais certains deviennent français par acquisition

Sans-Papier c’est une personne qui ne possède pas les papiers nécessaires pour vivre dans un pays légalement.

On compte 4,9 millions d’immigrés en France et 3,2 millions d’étrangers

(source: manuel de géo Magnard)

« Extrait d’un article du Monde concernant la politique des Sans-papiers en France daté du 07/01/2010La France a expulsé de son territoire quelque 29 000 étrangers en situation irrégulière en 2009, un chiffre comparable à celui de l’année précédente, mais supérieur à l’objectif assigné par Nicolas Sarkozy. Eric Besson, promu il y a un an au poste de ministre de l’immigration, n’a pas précisé le chiffre exact. Mais il aura donc fait autant que son prédécesseur Brice Hortefeux qui, en 2008, avait expulsé 29 799 étrangers en situation irrégulière contre un objectif de 26 000.

Les enquêtes annuelles de recensement conduites par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) en 2004 et 2005 établissent à près de 5 millions le nombre d’immigrés en France à la mi-2004 : 4,9 millions d’immigrés résident sur le territoire métropolitain, représentant 8,1 % de la population.

L’étude montre que la proportion de femmes et d’hommes s’est maintenant équilibrée, l’immigration féminine ayant succédé après 1974 à l’immigration masculine de main d’œuvre. Les immigrés venant d’Afrique et d’Asie apparaissent plus nombreux que lors du recensement de 1999, à l’inverse de ceux provenant d’Espagne et d’Italie. Les principaux pays d’origine restent l’Algérie, le Maroc et le Portugal. L’INSEE observe en outre que trois régions métropolitaines rassemblent près de 60 % des immigrés : près de 40 % résident en Ile-de-France (1 habitant sur 6 y est immigré), 11 % en Rhône-Alpes et 9 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Source : INSEE, Catherine Borrel, INSEE Première n° 1098, août 2006, www.insee.fr

Les flux d’immigration

Pour sa part, l’Institut national des études démographiques (INED) fait une totalisation du nombre d’entrées annuelles en France à partir des données du ministère de l’Intérieur et de celles de l’Office des migrations internationales. Il aboutit à un flux total d’immigration de 215 400 personnes en 2003 (toutes nationalités confondues) ; il en dénombrait moins de 156 000 pour 1998.

En 2003, le premier continent d’origine des immigrés reste l’Afrique avec plus de 105 000 personnes (moins de 65 000 cinq années auparavant). Viennent ensuite les Européens : plus de 42 000 avaient une nationalité bénéficiant de la liberté de circulation (espace économique européen) et quelque 25 700 une autre nationalité européenne. L’évolution de ces deux flux est inverse : cinq ans plus tôt les premiers étaient 43 000 et les seconds 16 300. Le flux provenant d’Asie s’accroît : 30 300 en 2003 pour moins de 20 000 en 1998. Le continent américain suit la même courbe : 15 000 en 2003 contre 11 200 cinq ans plus tôt.

  1998 2003
Toutes nationalités 155 879 215 397
Nationalités bénéficiant de la liberté de circulation (EEE) 43 033 42 085
Autres nationalités européennes 16 289 25 712
Afrique 64 884 105 658
Asie 19 668 30 346
Amérique 11 255 14 958

Source : INED, www.ined.fr

LES LOIS HORTEFEUX

Voici un bilan de la Loi Hortefeux sur l’immigration ou encore la loi n°2007-1631 du 20 novembre 2007 relative à la maitrise de l’immigration, à l’intégration, et à l’asile. Commenté par maitre éolas dans Journal d’un avocat.
« Le demandeur d’un visa pour un séjour d’une durée supérieure à trois mois, ou son représentant légal, ressortissant d’un pays dans lequel l’état civil présente des carences, qui souhaite rejoindre ou accompagner l’un de ses parents mentionné aux articles L. 411-1 et L. 411-2 ou ayant obtenu le statut de réfugié ou le bénéfice de la protection subsidiaire, peut, en cas d’inexistence de l’acte de l’état civil ou lorsqu’il a été informé par les agents diplomatiques ou consulaires de l’existence d’un doute sérieux sur l’authenticité de celui-ci qui n’a pu être levé par la possession d’état telle que définie à l’article 311-1 du code civil, demander que l’identification du demandeur de visa par ses empreintes génétiques soit recherchée afin d’apporter un élément de preuve d’une filiation déclarée avec la mère du demandeur de visa. Le consentement des personnes dont l’identification est ainsi recherchée doit être préalablement et expressément recueilli. Une information appropriée quant à la portée et aux conséquences d’une telle mesure leur est délivrée.
« Les agents diplomatiques ou consulaires saisissent sans délai le tribunal de grande instance de Nantes pour qu’il statue, après toutes investigations utiles et un débat contradictoire, sur la nécessité de faire procéder à une telle identification.
« Si le tribunal estime la mesure d’identification nécessaire, il désigne une personne chargée de la mettre en œuvre parmi les personnes habilitées dans les conditions prévues au dernier alinéa.
« La décision du tribunal et, le cas échéant, les conclusions des analyses d’identification autorisées par celui-ci sont communiquées aux agents diplomatiques ou consulaires. Ces analyses sont réalisées aux frais de l’État. (…) »
Article L. 221-3 : « Le maintien en zone d’attente est prononcé pour une durée qui ne peut excéder quatre jours par une décision écrite et motivée d’un agent relevant d’une catégorie fixée par voie réglementaire.
Cette décision est inscrite sur un registre mentionnant l’état civil de l’intéressé et la date et l’heure auxquelles la décision de maintien lui a été notifiée. Elle est portée sans délai à la connaissance du procureur de la République. . Lorsque la notification faite à l’étranger mentionne que le procureur de la République a été informé sans délai de la décision de maintien en zone d’attente , cette mention fait foi sauf preuve contraire. »
« Il est privé de liberté, par une décision d’un policier.
Je vous rappelle qu’un assassin d’enfants ne peut être retenu par la police que 24 heures, durée renouvelable une fois avec l’autorisation préalable d’un magistrat, durée à l’issue de laquelle il devra avoir été vu par un magistrat qui décidera de son sort dans les 20 heures. Donc 68 heures maximum, avec deux interventions d’un magistrat. Un homme qui n’a rien fait hormis demander sa protection à la France sera privé de liberté 96 heures par simple décision policière sans avoir vu l’ombre d’un magistrat, le procureur étant juste informé de cette mesure, par un simple coup de téléphone généralement, procureur qui n’aura ni le temps ni les moyens de s’interroger sur son bien-fondé. »
Souligne Maitre Eolas.
Le ministère s’est donné pour objectif de reconduire à la frontière 25 000 étrangers en situation irrégulière pour l’année 2007. Brice Hortefeux a ainsi convoqué « la vingtaine de préfets n’ayant pas atteint leurs objectifs d’expulsion de sans-papier », pour leur demander « d’améliorer leurs résultats en termes de reconduites à la frontière »[]. Des associations de défense des étrangers en situation irrégulière, comme la CIMADE et le GISTI, ont critiqué cette mesure qualifiée de « la politique du chiffre ».
Les services de police français sont également régulièrement critiqués pour leur comportement vis-à-vis des étrangers (violences, décès accidentels) faisant l’objet de ces mesures, aussi bien par les associations que par la commission nationale de déontologie de la sécurité.
Le GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés, anciennement Groupe d’information et de soutien des travailleurs immigrés), est une association à but non lucratif de défense et d’aide juridique des étrangers en France, dont le siège social est situé à Paris.
Organisation militante, le GISTI entend participer au débat d’idées et aux luttes de terrain, aux niveaux national et européen, en relation avec des associations d’immigrés, des associations de défense des droits de l’homme, et des organisations syndicales et familiales. Le GISTI est devenu depuis sa fondation en 1972 un contributeur reconnu dans les recherches et débats sur les politiques migratoires. Le grand nombre d’arrêts « GISTI » du Conseil d’État (1975, 1978, 1990, 2003) témoigne de l’importance et de la singularité de cette association dans l’espace des organisations de défense des droits de l’homme. Le GISTI fournit aussi un important travail de soutien juridique aux immigrés.
La CIMADE (Comité Inter Mouvements Auprès Des Évacués) est une association à but non lucratif (loi 1901) et intervenant dans les domaines suivants :
intervention au bénéfice des étrangers retenus en centre de rétention administrative, gestion d’établissements sanitaires et sociaux, formation et adaptation linguistique, activités très majoritairement financées sur des fonds publics
accueil des étrangers dans les permanences régionales, actions de solidarité internationale, interventions en prison et en locaux de rétention, activités majoritairement financées sur fonds privés
Depuis 1984, par une convention passée avec le ministère des Affaires sociales, la CIMADE est présente dans les centres de rétention administrative répartis sur le territoire français. Les étrangers en instance d’expulsion « retenus » dans ces centres font l’objet soit d’une mesure d’éloignement du territoire, soit d’une « remise à un État de l’Union européenne ». Il s’agissait jusqu’au 2 juin 2009, de la seule ONG autorisée par la loi à entrer dans les centres de rétention afin de surveiller les conditions de rétention, et d’apporter l’aide juridique nécessaire aux personnes en voie d’expulsion.
La CIMADE a pour but de manifester une solidarité active avec ceux qui souffrent, qui sont opprimés et exploités et d’assurer leur défense, quelles que soient leur nationalité, leur origine, ou leur position politique ou religieuse. En particulier, elle a pour objet de combattre le racisme, veiller scrupuleusement au respect des droits et de la dignité des personnes, quelle que soit leur situation. La CIMADE rassemble des personnes d’horizons nationaux, confessionnels, philosophiques et politiques divers, engagées dans ce service.

ONG
Une ONG est une organisation de la société civile ayant un caractère humanitaire, qui ne dépend ni d’un État, ni d’une institution internationale. Une ONG décide de manière autonome des actions qu’elle engage.

 

 

 

 AFFICHE DE L’EXPOSITION

 

France: En attendant 2012 …c’est toujours la guerre des images.

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Consignes de travail

Rappel … Indiquez la place du président de la république dans les institutions de la Veme République et le type de suffrage (conseil …petit schéma maîtrisé vaut mieux que longs discours incompris)

Présentez votre femme ou homme politique ( parti, parcours…pas de la première dent à la dernière chaussette SVP…)

Décrivez votre photo d’après la méthode déjà utilisée ( contexte, technique, description couleur, lumière, prise de vue, symboles, effets)

Quelle est l’image du personnage politique qui ressort de cette photo?

D’après vous le photographe a -t-il été libre de photographier cette personnalité ( justifiez votre réponse)

Cette photo ressemble-t-elle ou se distingue t-elle des photographies des hommes politiques habituellement publiées dans les journaux ( justifiez votre réponse)

DANS 1 MOIS LES ELEVES PUBLIERONT LEURS ANALYSES

NB/ L’ordre et le nombre des photos ne sont aucunement influencés par de quelconques orientations politiques!!

NICOLAS SARKOZY

Biographie générale

Né le 28 janvier à Paris, avocat d’affaires de profession, ancien maire de Neuilly-sur-Seine,  ancien ministre du Budget, de l’Intérieur, de l’Economie et des Finances et ancien président du Conseil Général des Hauts- de Seine. Il remporte l’élection présidentielle de 2007 face à Ségolène Royal avec 53,06% des voix.

Copyright Martin Bureau http://www.martinbureau.fr/

Cette photo prise par Martin Bureau est surprenante car le noir occupe l’essentiel du cliché, Nicolas Sarkozy est décentré, en plan large. La situation est classique dans le sens où Nicolas Sarkozy est en train de faire un discours derrière un pupitre mais la prise de vue est complètement originale puisque le sujet est noyé dans l’obscurité et décentré…de fait on a l’impression de regarder par le trou d’une serrure ou comme si on était borgne….cette prise de vue permet de réfléchir sur le regard porté sur un homme politique…on l’observe toujours de façon subjective, limitée…et finalement on ne le voit ni lui, ni son programme dans son ensemble et de façon objective.

copyright Martin Bureau http://www.martinbureau.fr/

Cette photo montre Nicolas Sarkozy lors d’un discours. C’est un gros plan pris de face, on observe un jeu entre le sujet et l’écran. sur l’écran il regarde vers le bas, dans la réalité il regarde face à lui. L’image réelle du candidat est décentrée, le sujet est placé en bas à droite, son visage est coupé au niveau du nez, l’image projetée est plus grande, placée en haut à gauche, Nicolas Sarkozy est coupé au niveau de la poitrine si bien que l’image projetée est plus visible et attire l’oeil en premier. Ce travail permet de réfléchir sur l’image des hommes politiques, l’image qu’il projette est travaillée pour les médias pour « passer sur les écrans » et cette image peut être très différente de leur personnalité réelle. Par ailleurs nous nous sommes demandés si le photographe n’avait pas placé un peu d’humour dans ce cliché puisque Nicolas Sarkozy est plus  grand par son pouvoir que par sa taille réelle…^^

La couleur dominante de ce cliché est le bleu, c’est la couleur traditionnelle de la droite.

Segui Pauline et Sendra Marie, élèves de Seconde 03, lycée Arago de Perpignan, mai 2011

copyright Christophe Morin/ Ip3

Cette photos est prise sur le perron de l’Elysée, Nicolas Sarkozy attend probablement un chef d’Etat car il a une attitude très raide, très protocolaire et très fière. Cependant on ne voit pas son invité. La prise de vue se limite à Nicolas Sarkozy pris en plan poitrine. Mais c’est moins le cadrage que la lumière qui interpelle et donne du sens à cette photo. En effet, Christophe Morin, le photographe, a capté Nicolas Sarkozy dans un moment où l’essentiel de son corps est à l’ombre tandis qu’une faible partie de son visage et de sa poitrine sont éclairés. Entre ombre et lumière.  Cette prise de vue nous fait réfléchir sur les hommes politiques et sur la fonction présidentielle qui est composée d’une part d’ombre (la vie privée mais aussi les secret d’Etat ou autre) et la part de lumière (l’image publique très travaillée, les rencontres officielles). Finalement cette photographie nous permet d’ouvrir un débat sur ce qu’est un homme politique, ce qu’est une fonction officielle et le comportement du citoyen vis à vis de cela. Un  citoyen ne sait pas tout, ne doit pas tout savoir car la transparence totale est un leurre en politique. En revanche, le politicien ne doit pas non plus s’attacher seulement aux apparences, il doit savoir exposer sa personnalité et son programme avec clarté et sans démagogie.

Escach Mélanie, Saguim  Mélissa, Rodrigues Laura, Seconde 03, lycée François Arago, Perpignan, 2010

http://ip3.photoshelter.com/

Copyright Martin Bureau

Cette photographie prise à l’entrée de l’Elysée montre le président de la République, Nicolas Sarkozy et la Première Dame de France, Carla Bruni.  Le président est au premier plan et la Première Dame de France est au deuxième plan, ils sont séparés par le drapeau bleu-blanc-rouge. Le premier plan est « sali » par un bras qui donne le sentiment d’une photo un peu volée. Il peut y avoir une lecture multiple de cette photographie. C’est d’abord une façon de rappeler que la Première Dame de France n’occupe pas une fonction officielle dans les institutions républicaines.  C’est ensuite une photo qui capte un moment de complicité, visible par le regard que porte Carla Bruni sur son mari . Le photographe capture un instant de vie privée dans un moment de vie publique. Le photographe reste cependant très pudique. C’est un beau regard d’amour. Cependant le cadrage et le thème de cette photo permet de s’interroger sur l’évolution de la vie politique française.  Ce cliché suggère que l’intimité du couple présidentiel n’est plus aussi protégée qu’avant, qu’elle est même parfois utilisée ou mise en scène. C’est ce qu’on appelle la « peopolisation » de la vie politique. Mme Sarkozy est célèbre car c’est un ancien mannequin et une chanteuse, son histoire d’amour avec Nicolas Sarkozy a été largement médiatisée. Nicolas Sarkozy est le premier président à avoir divorcé puis à s’être remarié pendant son mandat présidentiel. Si son histoire intéresse largement certains médias, il est nécessaire de rappeler que la culture politique française ne prend pas la vie privée en considération, et que, finalement on se fiche bien de connaître leur vie personnelle. Pis, la fonction présidentielle exige une certaine retenue et donc une pudeur, une distance vis à vis des choses intimes. Exposer autant ses sentiments n’est pas une bonne chose. Pourtant, la « tendance » actuelle en politique est d’exposer de plus en plus son intimité comme dans les pays anglo-saxons. Comme l’ont fait les Kennedy…mais c’est à double tranchant….Montrer son amour, ses enfants, ses qualités culinaires, ses moments en vacances est une tentative des hommes politiques de se rapprocher du peuple, de montrer qu’il est comme le commun des Français. Mais si les citoyens attendent plus de proximité ce n’est certainement pas avec des artifices pareils que les hommes politiques y arriveront! Etre proche du peuple implique pour les hommes politiques de revenir à un mode de vie moral, sain et plus commun. Etre proche du peuple  c’est surtout comprendre les inquiétudes, débattre avec des idées véritables, combattre les préjugés et les lieux communs et proposer une véritable politique courageuse, parfois à contre courant des idées reçues, mais lucide, engagée et ambitieuse. La politique la plus noble est celle-ci. La politique peopole est de la démagogie pure. L’ évolution de la politique française vers la peopolisation n’est pas un signe positif  car elle éloigne le citoyen des questions réelles.

Lengagne Loïc Kerboeuf Nicolas, Seconde 03, lycée Arago, Perpignan, 2010.

http://www.martinbureau.fr/

DOMINIQUE DE VILLEPIN

copyright Martin Bureau http://www.martinbureau.fr/

Aucun élève n’a choisi de travailler sur ce cliché.


FRANCOIS BAYROU

Copyright Remi Ochlik http://ip3.photoshelter.com/

D’abord c’est une très belle photographie entre ombre et lumière. François Bayrou est pris dans un moment de repos, dans un train, seul. L’élément central ce n’est pas lui mais la fenêtre du train qui est blanchie par la buée. Tout est sombre sauf quelques raies de rouge qui correspondent au murs. Cette photo est très originale, elle ne montre pas l’homme politique quand il se met en scène, elle le montre dans un moment plus sincère. Et curieusement la façon dont est pris ce cliché est très révélatrice de la situation et de la personnalité de F. Bayrou. En effet on  peut assimiler la fenêtre du train au paysage politique français et F. Bayrou est un peu isolé car son parti centriste est coincé entre le PS et surtout l’UMP. Il a du mal a s’imposer. Par ailleurs c’est une des hommes politiques sui garde sa vie privée cachée donc il a une part d’ombre, sa vie personnelle et une part de lumière sa vie politique. Finalement ce cliché fait passer implicitement une réflexion politique!

Ilana Elodie Llauro Emma, Seconde 03 Lycée Arago, Perpignan 2010

Copyright Marlene Arwaad. http://ip3.photoshelter.com/

Cette photo est amusante, elle est prise de biais pour accentuer l’effet de profondeur de la table, et rendre la scène moins figée, elle est prise dans un contexte détendu où on attend des convives mais ce qui est amusant c’est que Bayrou est un leader politique mais que derrière lui , à table, il n’y a personne!…pour l’instant?!

Copyright Martin Bureau www.martinbureau.fr

Nous avons trouvé ce cliché surprenant, c’est pour cela que nous l’avons choisi. Il est pris en contre plongée, ce qui accentue l’effet théâtral rendu par les rideaux. Il est composé de deux éléments à droite François Bayrou qui fait son discours  mais celui-ci est vu sur un écran. Ce procédé minimise la portée du personnage et de son discours. A gauche il y a un panneau sur lequel est inscrit vestiaire, consigne et la flèche qui se dirige vers la droite…Vers l’écran où l’on voit Bayrou. Le photographe prend une scène amusante, décalée…comme si  Vestiaire, Consigne (le lieu où l’on dépose les vêtements encombrants avant de rentrer dans un espace de réception) concernait F.Bayrou lui-même! C’est un regard plein d’humour « vache ».

Lavit Hugo, Yoeung Pascal, Seconde 03, lycée François Arago, Perpignan, 2010.

MARTINE AUBRY

copyright Martin Bureau http://www.martinbureau.fr/

Martine Aubry est la secrétaire générale du Parti Socialiste, elle a succédé à François Hollande mais elle n’arrive pas à s’imposer comme candidate naturelle de son parti pour les prochaines élections présidentielles. Ce cliché  le montre! Elle est dans un couloir étroit, couleur crème,  mal éclairé (il y a comme un vignettage). Martine Aubry regarde le sol ( on sait qu’elle n’aime pas trop la compagnie des journalistes)…conclusion il n’y a ni charisme, ni espace pour quelle expose sa personnalité. Derrière elle il y a Arnaud Montebourg qui représente la « jeune » génération du parti. Lui regarde en face, il est plus dans la lumière alors qu’il est au deuxième plan, il semble vouloir s’affirmer…pour devenir « calife à la place du calife »??? En tout cas la photo le suggère!

Hemrich Karine, seconde 03, lycée François Arago, Perpignan, 2010

SEGOLENE ROYAL

Copyrigh Remi Ochlik http://ip3.photoshelter.com/

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Copyright Martin Bureau http://www.martinbureau.fr/

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FRANCOIS HOLLANDE

Copyright Martin Bureau http://www.martinbureau.fr/

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DOMINIQUE STRAUSS KAHN

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EVA JOLY

Copyright P Poupin/ Cosmosphoto

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MARINE LE PEN

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JEAN-LUC MELANCHON

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OLIVIER BESANCENOT

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UKRAINE, de la crise à la guerre civile

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Photo Maxim Dondyuk, photojournaliste ukrainien, lauréat du Prix de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2014

L’Ukraine, ce pays de 603 000 km2, peuplé de 45,5 millions d’habitants, situé entre l’Union Européenne et la Russie,a historiquement toujours été convoité la Russie. Nous pouvons alors nous poser la question suivante: dans quelle mesure le photojournalisme et les cartes sont de bons outils pour comprendre et expliquer la crise Ukrainienne ?

L’Ukraine devenue indépendante de l’URSS en 1991, a confirmé son désir de liberté et d’unité par un référendum voté à + de 90%. Pourtant ce pays n’a cessé d’être le théâtre de conflits et d’oppositions diverses que les cartes peuvent nous aider à comprendre.
Le premier constat simple qui saute aux yeux est la frontière commune entre Ukraine et Russie, mais aussi la péninsule de Crimée contrôlant la Mer Noire qui peuvent être source de problèmes en tous genres (économique, politique…). D’ailleurss la Russie a toujours considéré la Crimée (et l’Ukraine entière) comme un territoire Russe. De ce fait, la démocratie ukrainienne a été fragilisée par cette convoitise Russe, ceci explique en partie pourquoi l’Ukraine est gangrenée par la corruption, l’affairisme… c’est une démocratie fragile.

De surcroît, si nous prenons une carte ethnoculturelle du pays, nous pouvons constater que le nord ouest de l’Ukraine est majoritairement peuplé d’Ukrainiens, tandis que le sud est est principalement peuplé de russophones. Le pourcentage de total de Russes en Ukraine est de 17 %, cette minorité puissante a toujours « regardé » le grand-frère salve oriental.

En 2004 la Révolution Orange a porté au pouvoir Iouchtchenko, pro-européen, libéral. Ce dernier a rapproché l’Ukraine de l’Occident et donc de l’Union Européenne. Cependant, lui-même accusé de corruption, il affaibli son parti.
Ainsi, si nous prenons la carte de l’élection présidentielle de 2010 en Ukraine (qui nous présente le pourcentage de voix au premier et second tour en fonction des régions du pays), nous pouvons dégager plusieurs constats. Premièrement, le pourcentage de voix exprimées pour la candidate Tymochenko est très important à l’ouest au premier tour, mais surtout au second tour (au second tour, 50 à 89 % des voix exprimées sont localisées à l’ouest du pays). En revanche, le pourcentage de voix exprimées pour le candidat Viktor Ianoukovytch est très élevé à l’est du pays, là encore, surtout au second tour (au second tour, 50 à 89 % des voix exprimées sont localisées à l’est du pays).
Le constat est évident : le pays est divisé en deux. Une partie du pays (l’ouest peuplé majoritairement d’Ukrainiens) soutient la candidate Tymochenko pro-européenne; tandis que l’autre partie (l’est, majoritairement peuplée de russophones) soutient le candidat Ianoukovytch pro-russe.
De cette division de plus en plus irréconciliable (à laquelle s’ajoute un fonctionnement démocratique douteux, la corruption, l’affairisme) naissent les contestations, l’instabilité politique, la crise et la guerre civile. Deux visions de l’ Ukraine s’opposent: l’Est soutient Ianoukovytch (qui est pro-Russe), alors que l’Ouest soutient Tymochenko (pro-Européenne).
Elu président en 2010 Ianoukovytch a refusé de signer l’accord de libre-échange avec l’UE (21 nov 2013) et s’est rapproché de la Russie de Poutine. Cette politique a poussé les pro-européens à la révolte: c’est la naissance du mouvement Euromaïdan. Ce mouvement a réussi à chasser Ianoukovytch du pouvoir (destitué par le Parlement le 22 février 2014), mais tout le sud-est du pays (Donbass: Donetsk et Louhansk) s’est soulevé…des milices paramilitaires s’opposent à l’armée ukrainienne…la crise politique est devenue une guerre civile.

Autre problème, qui apparaît grâce à la carte des gazoducs, un enjeu plus subtil mais central de ce conflit : le gaz. L’entreprise russe Gazprom est le plus grand fournisseur de gaz européen. Mais voilà, la Russie produit le gaz, mais ne contrôle pas les gazoducs pour acheminer le gaz et l’exporter vers l’Occident. C’est Naftogaz (entreprise Ukrainienne) qui gère les gazoducs les plus courts et les plus importants, ces derniers traversent l’Ukraine. Nous en déduisons alors que grâce à la carte, l’Ukraine a une importance capitale pour la Russie…ce qui équilibrait les rapports de forces. L’ Europe attache elle aussi de l’importance à l’Ukraine car c’est elle achemine le gaz russe (dont elle est dépendante) vers le reste de l’Europe.
Cependant, l’Ukraine a eu par deux fois des difficultés à payer son gaz à la Russie. De ce fait, la Russie a encouragé les gazoducs de contournement, parmi eux le Southstream…qui passe en Mer Noire au large de…la Crimée! Les rapports de forces se sont déséquilibrés en faveur de la Russie…de moins en moins dépendante de l’Ukraine. Donc, le gaz est au cœur du conflit actuel entre l’Ukraine et le Russie à cause du problème de transport.

Finissons par un travail à plus grande échelle…Un point stratégique émerge: la Crimée. Cette dernière est en effet capitale (si l’on regarde la carte) tant au niveau économique (la Crimée abrite des réserves d’hydrocarbures importantes), militaire (une partie de la flotte russe est située à Sébastopol), géographique (la Crimée est une sortie importante sur la Mer Noire et donc sur la Méditerranée, et permet donc un accès aux mers chaudes, elle est un axe de passage du Southstream) et enfin culturel (la Crimée est historiquement russe et fait actuellement l’objet de débat quant à cette culture et de son rattachement à la Russie). Et, petit détail historique, une partie de l’oligarchie russe (à l’époque) prenait ses vacances en Crimée (qui à l’époque était russe) qui était pour les membres de cette oligarchie comme une petite « côte d’azur ». Au printemps 2014 la Russie a annexé la Crimée…les jeux sont faits…

La photo de Dondyuk nous permet aussi de comprendre une partie de la situation ukrainienne. Cette photo (qui a été exposée à Visa pour l’image cette année) nous montre une foule de policiers antiémeute qui répriment un mouvement de protestation appelé « Euromaïdan ». Le photographe est placé en plongée, du coté des policiers.  Euromaïdan  est un mouvement créé suite au refus du président Ianoukovytch de signer un accord d’association avec l’Union Européenne. Suite à ce refus, les pro-européen de l’Ukraine ont organisé un grand mouvement de protestation le 21 novembre 2013 contre le refus de cette signature.
Et c’est là que cette photo nous éclaire sur ces événements ; les policiers antiémeute répriment violemment les manifestants, n’hésitant pas à tirer à balles réelles sur la foule  faisant ainsi jusqu’à cinquante morts en une seule journée ! Dans une couleur sépia, une atmosphère à contre-jour, cette photo présente une ambiance crépusculaire et étouffante qui accentue la violence. Les êtres humains disparaissent, ce sont des ombres, des robots anonymes. Cette photo dénonce ces violences ainsi que l’instabilité de la situation en Ukraine. Elle a pour but de nous faire prendre conscience de la situation. On comprend le fossé qui sépare les pro-européens des pro-russes, que la crise glisse vers une violence inouïe.
Cette photo, pour finir, est un bon complément des cartes car elle nous permet de nous faire une idée propre de ses violences ainsi que la situation actuelle de guerre civile.

Conclusion:

Au terme de ce travail on comprend que la guerre civile en Ukraine est à la fois un problème politique et économique. Par ailleurs il faut raisonner à l’échelle nationale et internationale. L’Ukraine est au coeur de la lutte entre la puissance Russe et l’UE…

Gobier Hadrien, TES2, lycée Arago Perpignan année 2014-2015.

NB: Ce jour 16 sept 2014 l’Ukraine, toujours en conflit interne a signé l’accord de libre-échange avec l’UE

Mise à jour actu …

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/01/21/dans-l-est-de-l-ukraine-les-combats-les-plus-violents-depuis-l-ete_4560644_3214.html?utm_source=dlvr.it&utm_medium=twitter#xtor=RSS-3208

sources:
Les Dessous des Cartes. L’Ukraine
La crise énergétique en Ukraine. Article Le Monde
La documentation Française. Ukraine.
www.maximdondyuk.com

Un grain de raisin dans la mondialisation

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Un produit mondialisé: Le vin.

(étude de cas à connaître sans modération, à boire après 18 ans, avec modération et beaucoup de plaisir)

« In vino veritas »

carte marché du vin

INTRODUCTION

La production de vin est le fruit d’un héritage historique et géographique localisé en Europe. Plante méditerranéenne, la vigne est plantée dès l’Antiquité dans le pourtour du Bassin éponyme. Les Grecs et les Romains sont parmi les plus anciens producteurs de vin. Puis, avec la diffusion du Christianisme (lien entre vin et liturgie religieuse=Eucharistie), la vigne remonte en latitude pour couvrir une grande partie de l’Europe.

Le vin s’est diffusé dans le monde occidental pour des raisons culturelles et économiques. Ce produit  concentre les paradoxes: produit de masse et de luxe, produit valorisé et décrié, il est surtout associé à un terroir mais aussi de plus en plus mondialisé

Dans quelle mesure le marché du vin est-il révélateur du fonctionnement de la mondialisation, de ses acteurs et de ses enjeux ?

I/ La Mondialisation de la production et de la consommation

A/ Une production de terroir concentrée en Europe.

VIGNESVieille vigne de Carignan. Domaine de l’Arca. Roussillon.

 

 

 

Planté en Europe, la vigne et la production de vin semblaient être marqués par l’héritage et le terroir ,et, rester immuables.

Dans le trio européen des producteurs de vin (Espagne, Italie et  France) des terroirs traditionnels se sont mis en place. Exple Champagne, Bourgogne, Bordeaux, Languedoc, Roussillon, Vallée du Rhône, Vallée de la Loire, Alsace (pour la France). Des propriétés ou appellations ont acquis une notoriété internationale (Haut Brion, Yquem, Petrus, Smith Haut Lafitte, Angélus, Saint-Emilion, Médoc, Romanée-Conti, Meursaut…). L’Europe a donné un rayonnement mondial au vin.

Pourtant, aujourd’hui, l’Europe arrache ses vignes : « Le plus grand vignoble au monde, celui de l’UE, s’établirait à 3530 mha et reculerait ainsi d’environ 90 mha soit de -2,5% entre 2010 et 2011. Ce repli est plus marqué que celui enregistré entre 2009 et 2010 (65 mha). Le vignoble en dehors de l’UE apparait quasiment stable pour la troisième année consécutive. » source OIV

Alors qu’ailleurs…ça plante…

B/Depuis les années 1990 de nouveaux pays producteurs sont entrés en jeu.

fiches_graph_production_mondiale_vin_OIV_2013

 

Les Pays du Nouveau Monde. Etats-Unis, Australie, Chili, Argentine, Afrique du Sud. Ces pays ont bénéficié de l’arrivée de vignerons européens qui ont su repérer des terroirs de qualité et développer la production de vin.

vignoble chiliVignoble  dans le Libertador. Chili.

Exemple Napa Valley en Californie, Vallée Barrossa en Australie, Le Libertador au Chili. Ces pays ont entre 5 et 10% de la SAU en surface viticole.

D’autres pays plus surprenants sont également producteurs de vin (sans forcément avoir un marché national de consommateurs)>>> Egypte, Iran, Maroc…mais aussi la Chine.

>>> Donc il y a un élargissement des territoires produisant le vin (offre).

L’Europe reste la première zone  mondiale de production de raisin et de vin grâce au trio  (Espagne, France Italie); cependant de nouveaux pays ont grignoté les marchés.

C’est dans ce paradoxe ( on arrache en Europe, on plante ailleurs) que la production mondiale atteint 278Millions d’hectolitres en 2013.

C/ Une consommation mondiale en mutation

fiches_graph_conso_vin_mondial_2013_OIV

La consommation mondiale de vin enregistre une légère baisse : 238.7 Millions d’hectolitres en 2013.

Malgré une distorsion entre offre et demande, il n’y a pas de surproduction généralisée, cependant, certaines régions voient leur consommation baisser, tandis que d’autres voient leur consommation augmenter.

Ainsi les pays traditionnellement consommateurs sont en déclin.

Ex: en France la conso était de 127 hl/hab/an en 1904, 150l/hab/an en 1950 et 46l/hab/an aujourd’hui.

Ce déclin sévère s’explique par les politiques sanitaires et de sécurité de + en + répressives (lutte contre l’alcoolisme, contre l’alcool au volant)+ Changement des gouts et habitudes+ Consommation de masse ou quotidienne en baisse tandis que la consommation + occasionnelle, + festive et +qualitative augmente.

En revanche, cette baisse est en partie compensée par le développement de nouveaux marchés dans des pays au gros potentiel de consommateurs, qui n’avaient que peu ou aucune habitude de conso sur le vin: Etats-Unis, Chine, Corée du Sud, Amérique Latine, Pays Scandinaves.

Il y a aussi un élargissement des territoires consommateurs ( demande)

>>>Mondialisation du marché du vin

De ce fait, les flux de produits viticoles se multiplient et sont clairement mondialisés. Ces flux  transitent par les ports internationaux comme Rotterdam, Shanghaï

Par ailleurs la promotion de ces produits passe par des salons internationaux: Vinexpo (Bordeaux), Vinisud ( Montpellier) mais aussi à Shanghaï,  Hong Kong  car le marché chinois est clairement ciblévinexpo hong kong

 

 

Autre moyen de promotion (anecdotique mais révélatrice de la mondialisation) : le positionnement « marque » dans des films: James Bond boit de l’Angélus dans Casino Royale.

 

II/ Les acteurs et les mutations de la filière vers une industrialisation de la vinification.

A/De la petite exploitation à la véritable FTN

En Europe beaucoup de vignerons ont de petites à moyennes exploitations (de 20 à 60ha).

photos Domaine de l'Arca fond noirDomaine de l’Arca, 20 ha. Exploitée par Laurent Cambres, Vigneron Indépendant en appellation côtes du Roussillon. il valorise les cépages méditerranéens ( Macabeu, Carignan, Mourvèdre, Grenaches…)

La croissance de certaines appellations a entraîné l’arrivée d’investisseurs (banquiers, assureurs, fonds de pensions, industriels ou de stars. exple En 1999, Olivier Decelle, anc PDG des surgelés Picard  rachète le Mas Amiel (150ha). Des célébrités s’amusent avec leur domaine: Depardieu, Angelina Jolie et Brad Pitt. Certaines exploitations sont devenues immenses. Exemple: G Bertrand en Languedoc est passé de 75ha à 517ha sur 9 domaines.

Grandes par la tailles, ces exploitations se déploient comme des  FTN. Elles possèdent des vignes dans plusieurs pays mais surtout vendent dans le monde entier: Torrès (Espagne), Tio Pépé (Espagne) mais aussi Bernard Magrez qui « compose » de grands vins à Bordeaux, mais aussi en Languedoc-Roussillon Provence ou encore au Espagne, Portugal, Argentine, Californie, Uruguay, Chili…quel homme! :-)

Opus-One-2006-Label

Certaines entreprises ont carrément réalisé une joint venture par ex Rothschild s’est  associé à l’américain Mondavi pour créer une cuvée commune: Opus One

 

 

 

B/ D’une production traditionnelle à une production industrielle.

Les pays neufs ont modifié leur approche de la viticulture et viniculture. Ils ont industrialisé les processus à grande échelle.

Viticulture : Agriculture intensive (utilisation de cépages à forts rendements), palissage, irrigation, engrais sur des milliers d’hectares vendangés à la machine.

 

hanwoodWinery Mc William’s.  Australie (300ha à 550km de Sydney)

 

 

 

Viniculture: Mise en place de l’agrobusiness dans des Wineries ( US) ou Bodega ( ESP). Trois étages sont en relation:

1-Amont : Industrie mécanique+chimique (secteur II) / Investisseurs+Œnologues (secteurIII)
2-Centre: Winery (récupère le raisin d’apporteurs)

Fabrication de volumes de vins monocépage au gout simple et standardisé (infusion de bois, arômes autorisés)  dans des cuveries inox, froid régulé par ordinateur. Usage d’un marketing simple et moderne (étiquettes design, contenu simplifié et attrayant)

345553

 

 

 

 

3-Aval: Guides/ médailles /Marketing/Pub/Commerciaux >>>>>Diffuseurs (exportateurs, cavistes, GD, restaus)

Gérard Bertrand «il y a 20 ans 60% de la vente se faisait sur la qualité aujourd’hui c’est 1/3 qualité, 1/3 Marketing, 1/3 Distribution»

sans-titreGérard Bertrand

III/ Débats autour du marché du vin

prix-vin

– Pbl distorsion dans la concurrence puisque la France est un des pays qui taxe le plus le vin ( à la production et à la vente: marianne, DRM, douanes…) et impose un cahier des charges contraignants ( AOP) pour garantir la qualité>> difficiles pour les petits d’être concurrentiels

-Tentative d’une gouvernance mondiale pour réguler la filière. 2 organismes sont concurrents: OIV (l’Organisation internationale de la vigne et du vin. Réunit les pays Européens) et WWTG ( réunit les pays du nouveau monde).

-La mondialisation a entrainé l’appel aux  flying Winemakers (Michel Rolland) qui ne réalisent pas un vin en fonction d’un terroir mais en fonction du goût des consommateurs. On parle parkérisation des goûts ( manque de caractère distinguant un vin par rapport à un autre, réponse aux goûts d’un marché)

-La croissance de certaines appellations a entraîné une véritable spéculation, vente aux enchères prix affolants (Magnum Romanée Conti 7000€). Ces domaines sont poussés par des enjeux financiers tels… que rien n’est laissé au hasard !

-Par ailleurs la spéculation a entrainé le dvpt de la contrefaçon exple: Faux Bordeaux Lafitte en Chine mais aussi célèbre faussaire Rudy Kurniawan

rudy kurniawanRudy Kurniawan aurait contrefait de Grands Crus français et empoché plusieurs dizaines de millions d’euros; il a été condamné à 10ns de prison. http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/08/08/rudy-kurniawan-l-escroc-aux-grands-crus-condamne-a-dix-ans-de-prison_4469027_3222.html

 

 

-Débats l’hyper technicité des vins>>> réaction retour au terroir+cépages traditionnels locaux mis en valeurs

-Débat sur le marketingbouteilles-arca-coeur-rose + simple, + designbouteilles-arca-oro

-Débats environnementaux>>>usage pesticides et fongicides>>> dvpt vin raisonnés, Vins Bio, vins Nature. Réchauffement climatique>>>vignoble montent en latitude et altitude.

-Diversification éco: oenotourisme

 

 

CONCLUSION

Le vin, qui traditionnellement, est attaché à un terroir est devenu un produit mondialisé, animé par des FTN en pleine croissance, cependant les mutations de ce secteur entraînent une crise dans les régions traditionnelles sommées de s’adapter ou de réagir sous peine de disparaître (arrachages et friches en Languedoc-Roussillon)…avec un impact désastreux sur le paysage.

Laetitia Cologni

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Pour approfondir

www.mcwilliams.com.au

www.domainedelarca.com

www.gerard-bertrand.com

 

Documents

Documentaires : Mondovino, Vinobusiness

Livres /Ludovic Massé Le vin pur/Torrès Histoire de la vigne en Roussillon/ Sagnes Viticulture en FranceVIGNES

 

Définitions

Viticulture: processus de culture de la vigne (= viticulteur, grapegrower)/ Viniculture (processus de réalisation du vin (= vigneron, wine maker)

Vigneron indépendant: celui qui fait pousser la vigne, vendange le raisin et réalise son propre vin

Négociant: achète le raisin à des viticulteurs est mélange pour faire son vin ou achète des cuves vin à des vignerons et les revend. Exemple nayandeï ou Dauré en Roussillon

Coopérative: structure qui regroupe des apporteurs viticulteurs , qui recueille leurs raisins, vinifie et vend pour son compte.

Cépage: variétés de raisins, chaque cépage a ses arômes particuliers. Les cépages son normalement liés à un terroir : cabernet sauvignon (Bordeaux), Grenache Mourvèdre Carignan Macabeu (Méditerranée), Gewurtztraminer (Alsace) Pinot (Bourgogne…)

Terroir: type de terre dans lequel pousse la vigne (cela influence aussi l’arôme du vin) : calcaire, schistes, Galets roulés…

Assemblage: mélange de différents cépages pour faire un vin…assemblé !

Millésime: année de récolte

AOP: Appellation d’Origine Protégée. Charte de qualité pour chaque terroir.

Marianne: taxe placée sous forme de pastille sur chaque volume de vin vendu en France.

Elevage: type de vinification (cuve, fûts de chêne…) qui donne un arôme particulier

Vin: Boisson alcoolisée (entre 10° et 18°) issue de la fermentation du sucre du raisin ou jus de raisin; la fermentation transforme le sucre en alcool. Le vin est une boisson très réglementée par l’Etat français à la production et à la vente (douanes>>>déclaration de production et taxes à la vente) ainsi qu’à la consommation (à boire avec modération à partir de 18 ans. Un ½ verre toléré pour la conduite ,O pour les jeunes conducteurs

 

 

Réfugiés…from there to…. here?

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Les Secondes 14 réfléchiront dans le cadre de l’EMC sur la « crise » des réfugiés en Europe.

Base de travail la série de photos de Giulio Piscitelli exposée à Visa pour l’image

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LES MOUVEMENTS MIGRATOIRES EN EUROPE

sources. www.UNHCR.org/www.ECRE.org. www.FRONTEX.org/ Charlie Hebdo n°1195

migration1

DEFINISSEZ

-Migrant-Immigré-Emigré -Réfugié-Clandestin-Diaspora

CARTE (cherchez les données sur le site UNHCR)

-Coloriez: en rouge les 5 plus gros pays de départ des mouvements migratoires, encerclez en bleu les 5 plus grosses zones d’accueil. Placez une étoile noire pour les départs liés à un conflit, une étoile verte pour les départs liés à la situation économique. Matérialisez en flèches noires les principaux chemins des migrations vers l’ Europe.

-Analysez rapidement la carte

RECHERCHE (sites UNHCR, ECRE et FRONTEX)

migration 3

>>>Les mouvements migratoires mondiaux

-Nombre de déplacés en 2014

-Nombre de réfugiés en 2014

-Nombre de demandeurs d’Asile en 2014

-Catégorie d’âge des migrants en % >>> – de 18 ans >>>>18-59 ans

>>>Statut et politiques vis à vis des migrants/ Réfugiés (expliquez rapidement les principales mesures)

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-Convention de Genève 1951

-Convention de Schengen 1985

-Convention Dublin II 2003

-Traité de Lisbonne 2007

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Pour approfondir

Choisir un sujet

Les points de passage: Ceuta/ Calais/ Serbie/Lampedusa/Frontière Mexique-EU

Portraits de réfugiés, routes de l’immigration: Olivier Jobard: Kingsley/ Sarah Charon: Modern Odyssey/Terdjman: Rad Jadir/Collectif Item: Les chiffres ont un visage/ Olivier Labban Mattei: The other side of the Lake/ Giulio Piscitelli: the closed door of Europe/

Immigrés et histoire: Pendant la 1ere GM/ pdt la 2eme GM/ L’affiche rouge/ Immigrés et sport en France (Foot)

Immigration dans le cinéma: The Emigrant/ Titanic/ Welcome…

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Documents annexes

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A ceux qui me répètent qu’on ne peut pas accueillir “toute la misère du monde”.

Parce que je n’en peux plus d’entendre, à chaque fois que je dis que je travaille dans l’accompagnement des demandeurs d’asile “Mais il sont vraiment trop nombreux, non ?” “Déjà que la France est un des pays les plus généreux en Europe …” et autres “La France ne peut pas  accueillir toute la misère du monde »… j’ai décidé d’écrire ce texte, pour contenir ma frustration, mon indignation qui croît chaque jour en entendant les politiques nous abreuver de chiffres hors contexte censés nous démontrer que nous sommes une forteresse assiégée, et contenir ma tristesse de voir notre gouvernement de “gauche” si tétanisé par l’influence de l’extrême droite dans le champ politique qu’il finit par rentrer dans son jeu …
Je comprends que les gens finissent par s’y perdre et par se demander si, vraiment, on accueille trop de demandeurs d’asile en France.

Alors déjà pour ceux qui me citent la fameuse phrase de Rocard, il ne faudrait tout de même pas en oublier la seconde partie : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa part ».

Et pour ce qui est de prendre sa part, on va le voir, malgré son image de pays des Droits de l’Homme, la France est loin d´être exemplaire.

En ce qui concerne les demandeurs d’asile – c’est à dire des personnes ayant fui leur pays parce qu’elles y ont subi des persécutions ou craignent  d’en subir et qui sont en quête d’une protection internationale – la France a enregistré 62800 demandes d’asile en 2014, loin derriere les Etats-Unis (88400) ou d’autres pays d’Europe comme l’Allemagne par exemple (202 700 demandeurs), la Suede (81200) ou l’Italie (64600)1.

Et si on rapporte ce chiffre a la proportion de la population de chaque État membre de l’UE, ce qui est plus significatif, les taux les plus élevés de demandeurs ont été enregistrés en Suède (8,4 demandeurs d’asile pour mille habitants), devant la Hongrie (4,3), l’Autriche (3,3), Malte (3,2), le Danemark (2,6) et l’Allemagne (2,5). La France n’arrive qu’en douzième position (1 demandeur d’asile pour mille habitant).
La France est donc loin de “ployer” sous le poids des demandes comme on ne cesse de nous le répéter.

La France n’est pas non plus le pays qui accorde le plus de statuts de réfugié (ce qui constitue l’aboutissement “positif” de la demande d’asile) : en 2014, dans l’UE, 45% des demandes d’asile ont été reconnues positives. Le taux d’accord en France pour 2014 était quand a lui de 28%3. Donc pour la France si génereuse, on repassera.

Et si on regarde au niveau mondial, quel est selon vous, le pays qui accueille le plus de réfugiés ?
Ca doit être en Europe pour qu’on nous répète inlassablement que c’est un si lourd fardeau … Et bien non, figurez vous!  C’est le Pakistan qui arrive en tête des statistiques du HCR (l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés), avec 1,6 million de réfugiés, suivi de l’Iran avec 857 000 réfugiés  et du Liban qui en compte 856 000.
Le Liban a, sur son sol, 178 réfugiés pour 1 000 habitants, ce qui, rapporté à la France, donnerait quelque 12 à 15 millions… Or, on estime à environ 165 000 le nombre de personnes disposant du statut de réfugié politique en France (0,29% de la population). C’est une goutte d’eau, nous sommes tout à fait en capacité de les accueillir.

Contrairement aux idées reçues, ce sont les pays en développement qui reçoivent la majorité des personnes en demande de protection – 90% des demandeurs d’asile et des réfugiés vont dans des pays proches ou frontaliers, donc l’Europe n’est absolument pas la zone du monde la plus affectée. Par rapport à la situation des réfugiés syriens par exemple, l’exemple est flagrant.Alors que le nombre de déplacés va bientôt atteindre la barre des 4 millions, l’ONU a demandé que 30.000 d’entre eux soient « réinstallés » dans des pays occidentaux. L’Allemagne a promis d’en accueillir 20000, la Suède 1200, la France, devinez combien?……..500. L’immense majorité de ceux-ci (97%) s’installent au Liban, en Jordanie, en Turquie ou en Irak. Nous sommes loin d’être envahis. Le monde entier ne rêve pas de rejoindre l’Europe. Relisez les chiffres ci-dessus pour comprendre à quel point c’est faux.

De plus, on réduit le migrant à son statut de migrant, comme si l’unique but de sa vie était de venir frapper à notre porte, mais derrière chaque demande d’asile se cache un homme ou une femme avec son histoire, son passé, un homme ou une femme qui a grandi quelque part, a eu une enfance, a des attaches, un endroit où il s’est sentí chez lui. Je me souviens de ce Monsieur tchétchéne qui m’évoquait les larmes aux yeux les montagnes de son enfance, car jamais il n’aurait pensé ne pas vieillir a leurs pieds ou de ce Monsieur bangladais qui s’était effondré dans mon bureau car il venait d’apprendre la mort de son père au pays et savait qu’il ne pourrait même pas lui rendre un dernier hommage… Qui voudrait vivre ca ? Franchement, qui ? Sans parler des trajets abominables pour atteindre l’Europe tristement illustrés par les récents  naufrages en Mediterannée…

Vous pensez que quand on vient de pays comme la Somalie ou l’Erythrée on vient parce que le système d’allocations est plus avantageux en France que chez soi ? Il faut arrêter la plaisanterie, imaginez un instant ce que cela représente de tout quitter et vous comprendrez qu’on part parce qu’on n’a pas le choix.

Vous voudriez vous, rester dans un Etat où règne la terreur, la guerre, où vous avez peur chaque jour pour vos enfants ? Un Monsieur sri-lankais que je suivais et qui dormait dehors faute de solution d’hébérgement m’a dit un jour “C’est tres dur. Mais au moins ici je suis libre et je n’ai plus peur en permanence.”
Renseignez-vous sur les régimes politiques en Somalie ou en République Démocratique du Congo, demandez-vous si vous resteriez en Syrie dans la situation actuelle. Ou en Russie si vous êtes menacé de mort parce que vous avez écrit un texte qui déplaît aux autorités. En Guinée où votre fille se ferait potentiellement exciser comme vous dès le plus jeune âge.
L’espoir d’une vie meilleure est équitablement partagé sur notre planête et ne nous est pas réservé parce que nous sommes né du bon coté de la barrière.

Plus généralement, l’immigration est toujours présentée comme un problème, alors même que de nombreuses études indiquent que l’immigration est positive pour l’Etat francais, en termes démographiques, en termes de croissance, de savoir, de diversité et qu’elle rapporte même de l’argent (12 milliards par an tout de même selon une équipe de chercheurs de l’Université de Lille)5. C’est donc le regard médiatico-politique sur les migrants qu’il faut réussir à changer. Et ne pas céder aux discours populistes qui prospèrent à l’aune de la montée du Front National qui trouve là un terrain fertile en ces temps de récession économique.

Nos démocraties peuvent tout à fait accueillir ces migrants, et au lieu de succomber à un populisme mortifère, devraient réflechir à une politique migratoire de maniere plus sereine et apaisée et arrêter de faire des migrants les boucs émissaire de nos sociétés.

Sinon c’est notre humanité qu’on perd peu à peu.
1- Chiffres Eurostat
2- Chiffres Ofpra
3- Chiffres Ofpra
4-  A ce propos, lire le magnifique livre de Fabrizio Gatti “Bilal sur la route des clandestins”, ed. Liana Levi, 2008.

5-Courrier international, Les très bons comptes de l’immigration, 27/04/2012

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Ils aimeront mieux tuer que penser, voilà le malheur! » Bernanos

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PAR QUOI COMMENCER?…juste des mots sur la  faillite de la pensée et de la « banalité du mal » ( H.Arendt)

« C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal. » Hannah Arendt

« Il n’y a rien à revendiquer, rien à regretter, juste à déplorer la façon dont nous traitons l’humanité. » Primo Levi

« La colère des imbéciles remplit le monde (…) votre profonde erreur est de croire que la bêtise est inoffensive (…) vous n’aurez pas raison des imbéciles par le fer ou par le feu; car je le répète il n’ont inventé ni le fer, ni le feu, ni les gaz mais ils les utilisent parfaitement ce qui  les dispense du seul effort dont ils sont réellement incapable; celui de penser par eux-mêmes. ILS AIMERONT MIEUX TUER QUE PENSER, VOILA LE MALHEUR! » » Bernanos

Attentats-a-Paris_-Le-choc-et-l-effroi_terdjman paris Match

 

Photo Terdjman pour Paris Match. (Bataclan le 13 nov)

Ensuite essayer de « saisir »  les enjeux de cette nuit de terreur…

Dans la nuit du 13 novembre 2015 plusieurs attentats simultanés ont été menés par des terroristes à Paris faisant des centaines de morts. Tous, nous témoignons de notre profonde compassion et douleur pour les familles des victimes.

Ces attentats font suite à ceux de Charly Hebdo et de l’Hyper Casher menés le 7 janvier 2015

Cette fois-ci, les cibles sont des lieux à grande fréquentation, des espaces culturels pour la plupart: salle de concert: le Bataclan, café et restaurant…lieux publics de « détente », bondés de civils sans vigilance particulière, sans protection particulière, sans « symbolique »  particulière (sauf le stade de France, nous en parlerons plus loin)….d’où le carnage.

Ces  attentats ont des points communs mais aussi des différences avec ceux perpétrés contre Charlie Hebdo ou l’Hyper Casher. Les motifs changent: ici pas de « vengeance contre des caricatures blasphématoires » pas « d’antisémitisme »; cette fois-ci c’est la Syrie qui sert de « prétexte » à cette tuerie. Les deux séries d’attentats ont été revendiquées par Daesh. Cette fois-ci les victimes sont « monsieur -madame-tout–le-monde » …de jeunes personnes, leur origine, leur confession, leur statut ne « motive » pas ces attentats. La lâcheté de ces actes est également totale puisqu’il est quasi impossible de protéger ces lieux publics.

Ce terrorisme s’attaque à tous les éléments constitutifs de la Démocratie: les intellectuels, la liberté, le métissage. Ici c’est une jeunesse libre, heureuse (malgré ses problèmes), métissée qui est au centre de ces attaques.  L’islam n’a rien à voir avec ces actes odieux…et « ceux qui n’étaient pas Charlie » doivent bien comprendre que eux-aussi sont inclus dans notre modèle démocratique, et donc des cibles potentielles.

Une-centaine-de-morts-au-Bataclan_article_landscape_pm_v8

 

Photo Faget pour l’AFP

Le Stade de France fait figure d’exception, ciblé lui-aussi lors de cette série meurtrière,  l’événement était à la fois fréquenté, médiatisé et hautement symbolique: match France -Allemagne auquel assistaient le président de la République et +- 80 000 personnes …cependant faisant l’objet d’une vigilance étroite, il a échappé à l’hécatombe.

Cibler le stade de France pendant un match télévisé étaient un moyen de prendre tous les Français à témoin et de propager l’effroi à tous.

Le président François Hollande a immédiatement réagi par une intervention télévisée puis, avec le premier ministre et d’autres membres du gouvernement s’est rendu sur les lieux. L’Etat d’urgence a été décrété sur tout le territoire.

http://www.parismatch.com/Actu/Societe/Attentats-a-Paris-Le-choc-et-l-effroi-865117

Le bilan est atrocement tragique: plus d’une centaine de morts, de blessés et énormément de témoins directs ou indirects (puisqu’au minimum les téléspectateurs  ont entendu les déflagrations lors de la première mi-temps). Pour le coup le terrorisme a atteint son but: l’effroi.

 ENFIN ET SURTOUT METTRE EN PERSPECTIVE GEOPOLITIQUE: La Situation au MOYEN-ORIENT

Rappel historique et géopolitique rapide et bien fait

 

https://www.youtube.com/watch?v=uepX8h1Z970

 

Les attentats nous obligent à nous replacer dans une perspective géopolitique…et malheureusement la Poudrière du Moyen-Orient est en1 schéma_syrie première place.

 

Des questions de diplomatie se posent : le rôle ambigu du Qatar, de l’Arabie Saoudite ou de la Turquie, de la Russie, le  retour de l’Iran, le recul des Etats-Unis, nos atermoiements, ceux de l’UE.
zerohedge

carte implantation de Daesh, source médiapart. Carte tirée de zerohedge.com

Ce texte est tiré de L’œil de l’exilé : http://www.loeildelexile.org/qui-est-daesh/.

 

Quelques définitions

Islamisme: Faire de l’intégrisme islamique un projet politique; Différentes applications politiques existent en Iran Chiisme), en Arabie Saoudite, au Qatar ( sunnisme salafiste…)

Chiites et Sunnites/ califat: depuis la Mort du prophète Mahomed. L’Islam est divisé entre Chiites ( 20% des musulmans dont l’Iran) et Sunnites ( 80% des musulmans dont l’Arabie), chaque branche revendique la tête du califat ( leadership de l’Islam); Or depuis la dislocation de l’Empire Ottoman en 1920 (traité de Sèvres) le califat a été dissout. Depuis, des pays ou des organisations essaient d’en prendre la tête.

Salafiste: Mouvement fondamentaliste sunnite qui prône le retour à l’Islam des « ancêtres », le wahhabisme en Arabie Saoudite et au Qatar relève du salafisme.

« L’attitude intolérante des premiers wahhabites à l’égard des autres musulmans leur valut longtemps d’être soupçonnés d’hérésie et ils en sont venus à être généralement considérés comme orthodoxes seulement depuis leurs succès politiques dans la présente génération ». J Schacht, Introduction au droit musulman. 1999.

Terrorisme: Utiliser la violence (souvent par des attentats tournés contre les civils) et la terreur pour imposer son idéologie.

Totalitarisme: système politique qui impose sont idéologie dans tous les secteurs de la vie, anihilant l’individu et les droits fondamentaux de l’homme

Soulignons que le  terrorisme islamiste actuel n’a rien à voir avec les mouvances terroristes anciennes, c’est un terrorisme est mondialisé capable de recruter au delà de ses ressortissants. C’est un terrorisme à 3 échelles

1-  Hors  Moyen-Orient avec l’embrigadement l’endoctrinement sur notre sol de compatriotes de tous horizons par le salafisme grâce à la propagande numérique ou par d’autres vecteurs ( réseaux de connaissances crapuleuses, prison, mosquées intégristes)>>>Endoctrinement et terrorisme mondialisé

2-  Syrie+ Irak où DAESH sévit: c’ est un régime TOTALITAIRE et sectaire « habillé » de salafisme...mais en fait très éloigné de toute dimension religieuse. Ce régime prône  la destruction des valeurs démocratiques.

3- Dans l’ensemble du Moyen- Orient: les relations géopolitiques  sous couvert de religion (arc chiite mené par l’Iran contre arc sunnite mené par l’Arabie Saoudite) cachent en fait une lutte de territoire et  d’équilibre des puissances dans cette région.

BREF  l’islamisme est toujours instrumentalisé à d’autres fins; il n’est pas un but mais un moyen.

                                                                                                                                                      PEURS SUR LA VILLE

Patrick-Chauvel-Tour-Eiffel

http://www.exposition-paris.info/expo-photo-paris-peur-sur-la-ville/

Me revient à l’esprit cette exposition très controversée de Patrick Chauvel intitulée « Peurs sur la Ville » (2011) qui superposaient des photos de conflits (Bosnie…) sur les vues de Paris. Des critiques avaient souligné la « démagogie », le « populisme » de la démarche.

En voyage à Paris j’avais visité cette expo avec mes élèves. Le choc avait été réel. La prise de conscience violente: nous vivons dans le confort d’un territoire en paix, protecteur et riche…nous avons oublié l’horreur du conflit.

Cette expo était « visionnaire » comme est visionnaire la série d’oeuvres de Jean Kiras intitulées « L’Homme incertain ».

kiras homme incertain

Souvent, l’Histoire bégaie,  jamais peuples et états n’en tirent leçon.

« N’oubliez pas que cela fut. » Primo Levi

 

 

 

Les valeurs démocratiques à opposer au totalitarisme

Face à l’action terrorisme de Daesh qui ne relève de rien d’autre que d’un totalitarisme abject la démocratie avance ses valeurs: éducation, liberté, égalité, fraternité, laïcité, multiculturalisme, esprit critique, parité, tolérance, résistance.

Aussi… après les attentats du 7 janvier, après la grande manifestation « civique » (mais tellement hétérogène) des questions se (re)posent: que reste-t-il de nos valeurs? de nos engagements? L’effroi passé, la réaction passée…intérêts et calculs particuliers des Etats, des leaders politiques ou des individus reprennent insidieusement le dessus. L’apathie du quotidien nous gagne aussi vite que la peur, l’appétit du gain ou la haine de l’autre effacent nos valeurs, nos droits et nos devoirs…ainsi  s’évanouissent la pensée, la démocratie et l’humanité.

Pour approfondir:

Relisons Ernest Renan:

« Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n’en font qu’une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. L’homme, Messieurs, ne s’improvise pas. La nation, comme l’individu, est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j’entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans la passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu’on a consentis, des maux qu’on a soufferts. On aime la maison qu’on a bâtie et qu’on transmet. Le chant spartiate : «Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes» est dans sa simplicité l’hymne abrégé de toute patrie.

Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l’avenir un même programme à réaliser ; avoir souffert, joui, espéré ensemble, voilà ce qui vaut mieux que des douanes communes et des frontières conformes aux idées stratégiques ; voilà ce que l’on comprend malgré les diversités de race et de langue. Je disais tout à l’heure : «avoir souffert ensemble» ; oui, la souffrance en commun unit plus que la joie. En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l’effort en commun.

Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une affirmation perpétuelle de vie. Oh ! je le sais, cela est moins métaphysique que le droit divin, moins brutal que le droit prétendu historique. Dans l’ordre d’idées que je vous soumets, une nation n’a pas plus qu’un roi le droit de dire à une province : «Tu m’appartiens, je te prends». Une province, pour nous, ce sont ses habitants ; si quelqu’un en cette affaire a droit d’être consulté, c’est l’habitant. Une nation n’a jamais un véritable intérêt à s’annexer ou à retenir un pays malgré lui. Le vœu des nations est, en définitive, le seul critérium légitime, celui auquel il faut toujours en revenir.

Pauvre humanité, que tu as souffert ! que d’épreuves t’attendent encore ! Puisse l’esprit de sagesse te guider pour te préserver des innombrables dangers dont ta route est semée !

Je me résume, Messieurs. L’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d’hommes, saine d’esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation. Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu’exige l’abdication de l’individu au profit d’une communauté, elle est légitime, elle a le droit d’exister. Le moyen d’avoir raison dans l’avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé. »

Ernest Renan Qu’est-ce qu’une nation? 1882.

 

Pour mieux saisir  la situation en Syrie lire :

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/10/02/syrie-comprendre-qui-soutient-qui-en-deux-clics_4781545_4355770.html

Jean-Pierre Filiu: Les Arabes, leur destin et le nôtre// Le nouveau Moyen-Orient

« Il y a dans tout homme une incroyable capacité de résignation, l’homme est naturellement résigné. » Bernanos

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Viennent alors à l’esprit les mots de Primo Levi, Préface de Si C’est Un Homme

« Beaucoup d’entre nous, individus ou peuples, sont à la merci de cette idée, consciente ou inconsciente que « l’étranger c’est l’ennemi ». Le plus souvent, cette conviction sommeille dans les esprits, comme une infection latente; elle ne se manifeste que par des actes isolés, sans lien entre eux, elle ne fonde pas un système. Mais lorsque cela se produit, lorsque le dogme informulé est promu au rang de prémisse majeure d’un syllogisme, alors, au bout de la chaîne logique, il y’a le Lager; c’est- à -dire le produit d’une conception du monde poussée à ses plus extrêmes conséquences avec une cohérence rigoureuse, tant que la conception  cours, les conséquences nous menacent. »

Viennent aussi les mots Hannah Arendt

« La pensée ne se manifeste que dans la capacité à distinguer le bien du mal, la dignité de l’abjection; Je souhaite que la pensée donne à chaque individu les moyens d’éviter la catastrophe dans ces rares moments où l’on devine que tout peut s’effondrer. »

http://institut-ethique-contemporaine.org/article%2520ethique_arendt.htm

LIRE

Hannah Arendt: Eichmann rapport sur la banalité du mal 1963.

Origines du totalitarisme

Primo Levi: Si c’est un homme 1947

Georges Bernanos: Les grands cimetières sous la lune


Dans les pas d’un migrant…

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               « On est toujours plus ou moins exilé: du ventre de sa mère, ensuite de toute la famille, puis du lieu, du souvenir » Elie Wiesel

On Board With Clandestine Immigrants

Après le naufrage, sur notre groupe de 34 hommes, seuls quatre, dont moi, avaient encore nos chaussures. Les autres avaient tout perdu, leurs vêtements aussi. Alors, ils se sont fabriqués des sandales. ” Texte de Kingsley Abang Kum – Photo ©Olivier Jobard / Myop

I/ KINGSLEY, LE PORTRAIT ET LE PARCOURS D’UN MIGRANT

« LES » migrants c’est qui au fait???

Olivier Jobard, photographe de l’agence Sipa press a présenté un « récit » la traversée de Kingsley au musée de l’Histoire de l’immigration, il donnait un visage à ces personnes.

Kingsley Abang est un Camerounais de 22 ans, né à Limbé, maître nageur. Le photographe a suivi pendant plusieurs mois son voyage clandestin qui l’a mené du Cameroun au Nigéria puis au Niger, Sahara, Algérie, Maroc, Espagne et enfin en France. Kingsley est parti de chez lui le 27 mai 2004, le voyage a coûté 1000€ en passeurs. Voici un croquis du parcours qu’il a dessiné. carte kingskey   carte-kingsley_2_600_305

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La série donne un déroulement chronologique mais aussi psychologique du voyage facilité par le choix de photos en couleur.Olivier-Jobard-3

Le départ.  Kingsley est souriant, jeune, beau, il joue au foot sur une plage…il nous ressemble finalement…il semble plein d’insouciance et d’espoir. L’insouciance est superficielle, quand on lit la légende on comprend que Kingsley a un emploi mais qu’il ne gagne que 50€ par mois…juste de quoi survivre. jobard 6

 

Dans l’intérieur familial accentue la détresse, la famille vit dans un petit espace, ils vivent entassés, dans la misère. On sent qu’ils s’aiment mais ils sont angoissés et tristes. On comprend pourquoi Kingsley veut et doit partir….et que ce n’est pas facile de prendre cette décision.

 

Le parcours. Les photos montrent la réalité du voyage: des hommes entassés dans un camion, la poussière, la chaleur, le manque d’eau, de nourriture, la peur, les dangers. Les paysages traversés sont trOlivier-Jobard-4ès différents, les frontières sont matérielles et immatérielles:

jobard_04 ob_70793b_sahara -l’immensité du Sahara…sans autre horizon qu’un mur de sable.

 

 

 
-le contraste Afrique-Ceuta avec une frontière bien réelle…et les espoirs déçus…puisque Kingsley est arrêté et envoyé en camp de rétention à Rabat.

jobard7 -l’autre immensité…celle de l’Océan…sans horizon. Le mal de mer, puis la tragédie: la noyade de 2 migrants. sipa-00509436-5753589688429697663_1_730_666

olivier_jobard_25_1 Les hommes se côtoient mais sans solidarité, les passeurs pensent uniquement à l’argent, pour les migrants c’est chacun pour soi…Kingsley le dit. On ressent la peur, la douleur, la fatigue. On a aussi des détails: Kingsley dort  à même le sol, Kingsley est chaussé de tongs, la poussière est partout.

Quelques clichés sont flous, pris dans l’urgence, d’autres sont proches, tous donnent un témoignage digne parce qu’ils respectent les personnes photographiées. ils n’y a ni voyeurisme, ni émotion gratuite.

 

 

L’arrivée  On ne la voit pas, car c’est le parcours qui importe; aujourd’hui Kingsley a des papiers; il n’est plus un clandestin. il précise qu’il ne voudrait pas que son frère prenne les mêmes risques que lui.20150413_Exposition_Olivier_Jobard_Le_Havre_-052-1-720x477

 

 

 

 

 

 

II / POUR APPROFONDIR

Website

http://www.sans-a.org/grandangle/les-lois-de-la-jungle/

Livres

Laurent Gaudé Eldorado

Marie Ndiaye Trois Femmes Puissantes ( le dernier récit porte sur une migrante en Afrique qui échoue devant Ceuta)

Gaudillere Des chiffres, un visage

Revue XXI n0 34…lettre à une calaisienne http://www.revue21.fr/tous_les_numeros#n-34_lettre-a-une-calaisienne

Films

P. Lioret Welcome

Costa-Gavras Eden à l’Ouest

Inarritu Babel

Chaplin The immigrant

III/PORTES OU VERROUS DES MOUVEMENTS MIGRATOIRES En fait on constate que les portes de l’Europe se sont fermées les unes après les autres: melilla

-Ceuta et Mélilla, 2 enclaves espagnoles au Maroc étaient des passages traditionnels. En 2001, les 6.3km de Ceuta et 9.6 km de Melilla ont été clôturés par un système défensif digne du mur de Berlin: clôtures, barbelés, postes de surveillance, caméras thermiques… à hauteur de 30Millions d’€ financés principalement par l’UE. Porte close.arton53162

-Lampedusa, petite île italienne située face à la Tunisie et la Libye et les îles de Mer Egée (situées face à la Turquie, deviennent la zone de passage ( jusqu’à 2000 arrivée par jour sur l’île de Lesbos). Les « printemps » arabes…et les hivers suivants, la chute de Kadhafi en Libye et la guerre en Syrie. La multiplication des noyades entraîne une augmentation des patrouilles. Porte (quasi)close.

La route des Balkans, passant par la Turquie puis les Balkans, la route terrestre, plus longue mais réputée moins dangereuse. L’Allemagne décide un temps d’accueillir les migrants, ce qui accentue le flux, face aux réactions des autres pays membres de l’UE mais aussi d’une partie de son électorat elle se ravise. Hongrie, Serbie, Grèce fortifient leurs frontières ( barbelés…). Porte close.

IV/LE CAS CALAIS

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Calais est une ville (d’env 75 000 hab) située dans le Nord de la France, dans l’UE, c’est un verrou car la ville concentre les migrants souhaitant passer au Royaume- Uni. Or, ce pays n’adhérant pas à l’espace Schengen; c’est à la France de gérer le problème et d’empêcher les passages clandestins. schengen

Calais correspond à l’entrée du tunnel sous la manche ainsi qu’au départ des ferrys vers l’Angleterre…c’est LA zone naturelle de passage  pour se rendre en Angleterre.

Cependant l’afflux d’immigrés, empêchés de passer a crée un « camp » sauvage que les autorités ont tenté de contrôler et canaliser: le camp de Sangatte (crée en 1999 pour accueillir des réfugiés Kosovar, réquisition d’un hangar de 27 00m2 par l’Etat et gestion par la Croix Rouge). Insalubre, infiltré par les mafias, la violence…il est devenu le point focal (mais surtout trop visible) de la question migratoire. Le président Nicolas Sarkozy s’est fait fort de le faire détruire en 2002…il comptait 1600 étrangers en 2002…comme si le problème allait se dissoudre par la même occasion…

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Aujourd’hui les migrants se concentrent dans la « jungle » de Calais…ils étaient jusqu’à 4000 dans des tentes de fortune formant un immense bidonville. La « Jungle » de Calais c’est un bidonville: jungle de calais

– indigne pour le pays censé incarner les droits de l’homme,

-insupportable pour les habitants de Calais, exaspérés par la dégradation de l’image de leur ville et par la cohabitation difficile avec les migrants. Rixes notamment en aout 2014 entre Soudanais et Erythréens. Des

-incompréhensible pour les migrants qui veulent passer coûte que coûte.

En partie détruite, la « jungle » renaît telle une hydre…parce que la source du problème persiste. Le Brexit résoudra-t-il indirectement le problème calaisien?

POURQUOI AVOIR TRAVAILLE SUR LA « CRISE MIGRATOIRE »?

Dans le programme de Seconde, notre première leçon d’Histoire porte sur les mouvements migratoires européens. C’est à dire ce moment de l’histoire où les Européens ( Italiens, Irlandais, Basques…) sont devenus des émigrés/immigrés…cette leçon souligne l’apport des Européens dans le développement de certains pays comme les Etats-Unis d’Amérique. Par ailleurs, notre département les Pyrénées- Orientales ont connu un vaste mouvement migratoire: la Retirada. En février 1939 500 000 Espagnols ( dont 300 000 civils) ont franchi la frontière pour fuir Franco. Les mouvements migratoires se déroulaient dans des conditions difficiles mais restaient officiels, sous l’égide des Etats, et avaient une dimension « positive » (notons que les espagnols ont été très mal accueillis…et c’est un euphémisme)…

Aujourd’hui, l’approche a changé, on parle de  » crise migratoire ». La « crise migratoire » est devenue un fait très médiatisée à partir de l’été 2015, pourtant c’est une actualité forte depuis plusieurs années qui n’intéressait guère l’Opinion Publique. Certes, quelques magazine, journaux ou le festival Visa pour l’image soulignaient cette question mais les mass médias ( TV ) ne la relayaient pas trop.

Cependant, les images de migrants échoués sur les côtes italiennes et grecques; puis l’image tragiquement « iconique » du petit Alan Kurdi, mort noyé sur la plage de Bodrum en Turquie alors qu’il essayait de rejoindre l’Europe avec son père, ont focalisé les médias sur cette question. Ensuite, il y a eu une hypermédiatisation sur les routes des migrants en particulier dans les Balkans. Aylan

Le World Press  pour la photo d’actualité 2015 a été remporté  par Warren Richardson sur un cliché de migrants passant la frontière Serbo-hongroise. world press 2015

Il nous a semblé que cette sous-médiatisation nous rendait aveugle, puis l’hypermédiatisation animait une espèce de compassion qui s’est transformée en peur vis à vis des migrants…une peur dont les partis d’extrême droite ont bien profité dans toute l’Europe. Alors, pour essayer de comprendre nous nous sommes penchés sur les faits, les chiffres mais aussi le parcours d’un migrant.

Nous avons découvert la dure réalité des chiffres:

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Selon le HCR ( haut commissariat aux Réfugiés) en 2013 on comptait 50,2 millions de personnes déracinées; l’année 2015 a malheureusement explosé tous les compteurs avec plus de 60 millions de déplacés en 2015! Ce chiffre se distingue ainsi…

Sur 51 millions il y a:

>>>17 millions de réfugiés

>>>12 millions relevant du HCR

>>> 5 millions de réfugiés Palestiniens relevant de l’UNRWA

>>>33 millions de déplacés à l’intérieur de leur propre pays

>>>>1,2 millions de demandeurs d’asile

Les principaux pays d’accueil de réfugiés NE SONT PAS LES PAYS D’EUROPE. C’est le Pakistan( 1.6millions), l’Iran (850 000), le Liban (856 000), la Jordanie ( 640 000) la Turquie ( 610 000)

« Royalement » l’Europe  « accepté » de se répartir 120 000 réfugiés dont  24 000 en France,  30 000 en Allemagne…

Les principaux pays de départ sont l’Afghanistan ( 2.56 millions), la Syrie ( 2.5millions), La Somalie ( 1.2 millions), L’Irak. … Nous avons ensuite découvert une guerre des mots:

Migrant: c’est une personne qui quitte (durablement ou définitivement) son pays d’origine pour s’installer dans un autre pays (souvent pour des raisons économiques).

Réfugiés: c’est une personne qui demande l’asile dans un autre pays car son intégrité est menacée dans son pays d’origine pour des raisons politiques, sociales ( discriminations sexuelle…) ou climatique.

Clandestin: c’est une personne qui entre dans un autre pays sans papiers « officiels ».

Apatride: c’est une personne qui n’a plus de nationalité. Nous avons découvert la guerre des images L’hypermédiatisation de la mort d’Alan…donnait un nom, un visage à cette tragédie quotidienne et éveillait les consciences…mais pas pour longtemps…

L’instrumentalisation de certaines images de migrants par le journal de la mairie de Béziers nourrissait durablement la peur de l’Autre Le titre? « Ils arrivent! »…titre on ne peut plus anxiogène…et mensonger

Nous avons découvert la guerre administrative. Contrairement à une idée reçue l’UE n’est pas une « passoire » pour les clandestins. Certes l’espace Schengen  permet la libre circulation des hommes. Cependant les frontières extérieures de l’Europe ont été renforcées par le système Frontex renforçant le contrôle à Ceuta, Melilla, Canaries, mer Egée, Sicile) dont la fonction est de surveiller les frontières grâce à une coopération entre pays. Cependant Frontex est très critiqué par le HCR, Human Right Watch parce que ce système est en partie privatisé, entre les mains de sociétés paramilitaires qui ne sont pas vouées à sauver les migrants en détresse. Par ailleurs l’UE a durci avec le règlement Dublin III (2013) le contrôle des demandes d’asile. Elle empêche un migrant de déposer des demandes d’asile dans plusieurs pays. Elle vise à réduire le nombre de demandeurs d’asile transportés d’Etat membre à Etat membre. De fait elle porte atteinte aux droits fondamentaux des réfugiés et produit une répartition inégale des demandes d’asiles entre pays membres. Enfin, nous avons découvert que l’UE procédait à l’externalisation de l’asile depuis 2003. En créant des « zones de protection spéciale » en Turquie, Iran, Maroc… pour concentrer les réfugiés dans des pays hors UE et éviter leur entrée: camp Bel Younes face à Ceuta pur Gourougou face à Melilla. Enfin, l’Europe, comme d’autres régions du monde, se couvre de frontières fortifiées…dans un espace mondialisé…les frontières ne s’effacent pas pour tout et tous… Voilà pourquoi nous avons travaillé sur la « crise migratoire »

Elèves 2de14; année scolaire 2015-2016; Lycée François Arago; Perpignan

Barate Audrey,  Fouché Théo, Escach Bastien, Pierre Garidou, Blanc Laura, Bouts Emeline,  Bounoua Nawel, Lustremant Marine, Molins Célia, Percher Hugo, Schuwer Laura, Vila Clément, Weiss Karla, Yazici Faikhan, Sauquet Delphine, Phan Jonathan, Lord Margot, Fabre Hugo, Gonçalves Victoria, Hita Thomas, Calvayrac Clément, Aït Ali Yassine, Delorme Gabrielle, Alkhaddari Cheïma, amar Soudès, Burlet Mélanie, Calabuig Mélody Tixador Léa Paraoa Noa.

La dernière demeure de Michel Déon, de l’Académie Française…« Les Trompeuses Espérances »?

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IMMORTELS REGRETS…

_MG_2193 (2)Photo Pierre Terdjman

 

Michel Déon de l’Académie Française écrivait ceci à propos de Paris:

« J’aimais Paris, cette ville noire où chacun peut choisir ses points névralgiques et jusqu’à la teinte de ses nostalgies. En même temps j’en avais peur comme un provincial parce que je n’y avais pas de souvenir d’enfance » Les Trompeuses Espérances.

Les débats autour  de la sépulture parisienne de Michel Déon révèlent la noirceur de Paris dans son plus triste appareil.

Décédé le 28 décembre 2016 à Galway Michel Déon de l’Académie Française, attend le transfert de ses cendres dans une sépulture parisienne. Oui. Depuis plus d’un an!

Immense écrivain, étiqueté  Hussard, homme de droite ou monarchiste (lui se disait monarchiste-républicain: entretien dans Pages Catalanes).

Michel Déon était surtout un homme libre, un immense écrivain, modeste et malicieux…une de ces personnalités rares qui marquent l’histoire sans agitation médiatique, en traçant seulement une magnifique voie artistique.

Michel DeonPhoto Pierre Terdjman

 Michel Déon était Académicien, commandeur de la Légion d’Honneur,  officier des Arts et des Lettres, traduit dans de nombreuses langues; ses oeuvres ont été adaptées à la télévision et  au cinéma (Un Taxi Mauve d’Yves Boisset avec Charlotte Rampling et Fred Astaire), Docteur Honoris Causa de l’Université d’Athènes et de l’Université d’Irlande.

Les  atermoiements qui empêchent son inhumation dans un cimetière parisien sont regrettables au regard de ce que cet écrivain a donné à la culture Française.

Certes, depuis 1974 Déon vivait en Irlande, pas pour des raisons fiscales, parce qu’elle l’inspirait, parce qu’il aimait les îles, il a aussi vécu en Grèce car « toutes les îles tiennent (…) du sortilège (…) n’est pas insulaire qui le désire » (Mes Arches de Noé)

P1060522Photo Laetitia Cologni

Certes, Déon aimait admirer la France de l’extérieur, mais c’est sous la coupole de l’Académie Française qu’il s’est engagé à défendre  la langue et la littérature françaises. En faut-il davantage pour obtenir un carré au cimetière Montparnasse ou au Père Lachaise…combien d’illustres ou d’inconnus ont obtenu une demeure parisienne avec  moins d’engagement?

En ces temps d’hommages (sur)appuyés à de grands noms de la culture française, ce blocage anti-Déon est plus qu’un impair.

_MG_3745Photo Pierre Terdjman

L’oeuvre de Déon nous accompagne et nous laisse croire en  la Beauté. Il manque.

Il manque à tous  ses discrets admirateurs une ultime concession pour lui rendre  un immortel hommage.

Je terminerai par ses mots « Disparaître n’est rien mais ne pas laisser de traces, si vaines soient-elles est une intolérable punition. Or qu’abandonner derrière soi de plus durable que des larmes? (…) » La Montée du Soir

Laetitia Cologni

Résidence photojournalistique: FRONTIERES

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AU COEUR DE LA FRONTIERE
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Du mois de septembre au mois de novembre les élèves de 2de05 ont travaillé sur les particularités de la frontière franco-espagnole:

-Les sites historiques comme le Trophée de Pompée, les voies Domitia et Augusta,le site de Panissar et le fort de Bellegarde

-Les événements forts comme le traité des Pyrénées (1659) marqué par ses fameuses bornes ou la Retirada.

-Les particularités comme l’enclave de Llivia ou la ville transfrontalière du Perthus.

-Les contrastes liées à la frontière mais aussi les flux et collaborations transfrontalières (Hopital de Puigcerda)

-L’identité catalane.

Epaulés par Bénédicte Vincent du CIP et Le photographe Jean-Christophe Milhet les élèves ont appris à construire une histoire photojournalistique.

20171009_161726Intervention de JC Milhet lycée Arago

 

 

 

 

Nous avons été quelque peu rattrapés par l’actualité  avec « la crise de l’indépendance » qui a opposé  la Generalitat menée par Carles Puigdemont et le gouvernement madrilène de Rajoy. Une grande agitation politico-médiatique a relayé cet épisode…Notre frontière était au coeur de l’actualité!

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Photos Gérone 2017

 

 

Le Perthus nous a particulièrement marqué car c’est une ville qui nous est familière mais finalement que nous connaissons peu. C’est sur cette ville que nous avons  ciblé notre projet.

Le 13 novembre nous avons été reçus par la Brigade des Douanes du Perthus qui nous a expliqué son métier, les changements liés à l’ouverture des frontières (Espace Schengen) et nous a proposé une démonstration cynophile. Nous avons également visité le Fort de Bellegarde grâce à M Rubau, adjoint à la culture de la ville du Perthus. Nous les remercions chaleureusement pour leur accueil.

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A leur retour les élèves ont été reçus au CIP pour l’éditing.

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Le vernissage de l’exposition s’est déroulé le 30 janvier; 10 photos du lycée Arago sont exposées aux côtés d’autres établissements scolaires.

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Nous avons compris que Le Perthus est un espace de contrôle névralgique pour tous les flux reliant l’Espagne au reste de l’Europe. Nous avons découvert de la ville du Perthus offre une grande richesse culturelle ( Fort de Bellegarde, Site de Panissar, voie Domitia, Trophée de Pompée, les chemins de l’exil) qui mérite qu’on s’y attarde pour autre chose que le shopping!

Cependant comme nous ne devions garder qu’un angle particulier, nous avons choisi celui du commerce.  Le Perthus signifie « La percée », la ville est coupée par la frontière au niveau de sa rue principale. La partie Française est une commune d’environ 600 habitants fondée au milieu du XIXème siècle; la partie espagnole est un quartier qui dépend de la Jonquera. Il suffit de passer la rue pour changer de pays.

Ville transfrontalière, Le Perthus est aussi un incroyable supermarché où l’interdit chez l’un est en vente chez l’autre. Découverte d’une Frontière… économique

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 Le Perthus signifie « la percée », cette vue depuis le fort de Bellegarde souligne l’intensité des flux entre la France et l’Espagne sur cet axe.

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 Le Perthus est coupé en deux, les bornes 574 à 577 matérialisent la frontière. Ici la borne 574 comporte un extrait du traité des Pyrénées (1659) qui a fixé la frontière actuelle entre la France et l’Espagne. En arrière plan, des bus déversent quotidiennement des touristes en recherche de prix attractifs dans les bazars et supermercats du Perthus… En été jusqu’à 70 000 personnes par jour s’y rendent pour faire leurs emplettes !

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 La rue principale, c’est l’artère de cette ville transfrontalière séparant le Perthus Français et le Perthus espagnol. La partie commerçante c’est le Perthus espagnol, « El limits »  rattaché à La Jonquera. En novembre la question de l’indépendance de la Catalogne restait au cœur de l’actualité ; pourtant nous n’avons vu aucune Estelada (drapeau indépendantiste) ni même de Senyera (drapeau catalan)… preuve que cette question embarrasse le commerce. L’autre côté c’est la France; le Perthus français a été crée en 1851.

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 Un commerçant dans son épicerie de produits typiquement espagnols. Le Perthus se distingue par l’importance de son activité commerçante qui attire touristes et population locale. Les loyers des commerces sont paraît-il presque aussi élevés que…sur les Champs-Elysées !

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 La vente de vêtements est parmi les plus lucratives. Magasins classiques ( Desigual, Morgan…) côtoient les magasins de contrefaçon. En janvier 2017,  105 magasins vendant de la contrefaçon ont été fermés…temporairement.

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 Ancien poste des douanes séparant la France et l’Espagne ; délaissé depuis l’entrée en vigueur des accords de Schengen entrés en vigueur en 1995.  Aujourd’hui la circulation des hommes et des marchandises est libre. Les douaniers restent toute fois très actifs du fait des trafics.

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Commerce de graines de cannabis, toléré en Espagne, interdit en France.

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 L’augmentation des prix du tabac en France a fait la fortune du Perthus. Un visiteur peut acheter jusqu’à 4 cartouches, 200 cigares et 400 cigarillos.

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Autre activité lucrative : le commerce de l’alcool. Une personne peut acheter 90litres de vin, 110litres de bière, 10litres de spiritueux.

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La pyramide de l’autoroute : Tout le monde la connaît personne ne sait ce qu’elle représente! Commandée en 1976 par la Société des Autoroutes du Grand Est de la France à l’architecte Catalan Ricardo Bofill; elle représente la synthèse entre le culture française et la culture catalane. La base de la pyramide évoque les jardins à la française et les colonnes de brique rouge évoquent le drapeau catalan.

Laetitia Cologni.

POUR APPROFONDIR

Jean Christophe Milhet, photojournaliste à Perpignan, collabore avec des titres de presse magazine, il enseigne la photographie au sein du cursus en photojournalisme de l’Université Perpignan Via Domitia.

www.jcmilhet.com

Centre International de Photojournalisme

24 rue Rabelais Perpignan

International Center for Photojournalism – Home

 

 

 

 

 

 

La Filière Viande vue d’ici. Les établissements Guasch Viandes

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 LA FILIERE DE LA VIANDE VUE d’ICI, LES ETABLISSEMENTS GUASCH VIANDES.

2018. Nouveau prHL_GUASCH_007ojet photojournalisme.  le lycée nous a accordé une heure hebdomadaire. Le projet a concerné une classe entière (35 élèves) n’ayant jamais pratiqué la photo ( sauf 2 en club)

Je souhaitais que mes élèves réalisent un reportage photographique sur le thème « Nourrir les hommes » qui est au programme de géographie en seconde.

Pour introduire  le projet   nous avons visité  à Visa pour l’image l’exposition « Big Food » de George Steinmetz, les élèves ont échangé avec le  photographe Gaël Turine.

20180920_155739 20180920_154308Rencontre et échange des 2de12 avec le photographe Gaël Turine à Visa pour l’image 2018

 

 

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Compte tenu de l’actualité (scandale de la viande de bœuf et des abattoirs) mais aussi du développement du végétarisme et véganisme ; j’ai ciblé  le projet sur le thème de la filière de la viande.

 

Les élèves ont réalisé des recherches générales, puis j’ai invité un éleveur de cochons (Thibault Gonzalez).

thibault gonzalezRencontre et échange avec Thibault Gonzalez, élèveur de cochons, élevage biologique.

 

 

Ensuite, le photographe Jean-Christophe Milhet leur a donné des bases sur la photo.

Enfin, nous avons visité l’entreprise Guasch Viandes  qui fournit la cantine du lycée en viande ;les élèves ont été chaleureusement accueillis par Xavier Renault, responsable qualité ainsi que deux autres membres du personnel. Les élèves y ont réalisé leur reportage en toute liberté et transparence.

our terminer le travail, les élèves ont réalisé l’éditing puis rédigé les légendes.

Voici le résultat:

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 Photo 1  Regard sur mon assiette de choucroute              

Dîner choucroute : discussion en famille de notre  sortie à Visa pour l’image (exposition  Big Food de G.Steinmetz). Soirée TV: reportage sur les les difficultés des éleveurs français. Diffusion des vidéos de l’association L214 filmées  en abattoir .Débat sur le spécisme. Jeudi, en classe, projet photo : mener l’enquête: d’où vient la viande de mon assiette ?                                    

 

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Photo2 Visite des des établissements établissements Guasch 29 novembre 2018   

L’entreprise a été fondée en 1952 à Perpignan par José Guasch, artisan-boucher. 1980 il devient chevillard: grossiste habilité   à abattre les bêtes et à les revendre. 1983 à 2018, les établissements Guasch rachètent des concurrents et les abattoirs. L’entreprise  reste familiale, aujourd’hui, dirigée par Bernard Guash.

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Photo 3   Réception de la viande 

Les animaux sont abattus aux abattoirs puis les carcasses sont transportées par camion frigorifique dans l’unité de découpe et de transformation que nous avons visitée. Il y a 30 véhicules  frigorifiques et 6 000m2 de bâtiments frigorifiques industriels.

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Photo4 Carcasses façon Soutine ou Rembrandt

6000 tonnes de produits carnés sont traités par les établissements Guasch chaque année (pour 3,7 millions de tonnes en 2017 en France).

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Photo 5       Carcasses avant découpe    

  Le Services Vétérinaires sont présents en permanence ils garantissent la protection des  animaux abattus la qualité sanitaire de la viande et  sa traçabilité    ( papier avec n°, origine…). Les règles d’abattage sont  claires : l’animal doit être « maintenu dans un état  d’inconscience et d’insensibilité jusqu’à sa mort sauf pour les abattages rituels ».

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Photo 6   Carcasses de sanglier

Guasch a mis en place un partenariat avec des coopératives  d’éleveurs locaux (CCVB et COPO) pour soutenir l’élevage de races locales IGP: Veau rosée des  Pyrénées, Vedell Catalan, porc Tirabuixo, agneau El Xai. Un partenariat a été signé avec les associations de chasse pour exploiter la viande de sanglier, cela régule leur prolifération.

 

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Photo 7   Réception des carcasses     

La qualité d’une viande se voit à la couleur de la chair mais aussi à celle de la graisse

 

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  Photo 8 Réception et découpe.        

La découpe de la viande demande beaucoup de dextérité.  Cet employé nous a impressionné. Passionné, il veut se présenter au concours de  Meilleur Ouvrier de France section Boucher.

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Photo 9   La salle de découpe         

La découpe se fait dans le froid, l’humidité mais aussi    dans une propreté qui se voit et se sent .

                                                      

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 Photo  10  L’art de la découpe

Les établissements Guasch découpent la viande à la demande pour   les 800 clients livrés  par jour,  notre cantine en fait partie !

 

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Photo 11   Chair à saucisse                                                                                                 L’entreprise Guasch fabrique aussi des charcuteries  catalanes : saucisses, merguez.

 

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 Photo 12   Détail, viande de bœuf Angus                                                                                   Les établissements Guasch privilégient les circuits courts  pour les demandes particulières, une partie de la viande  est issue du négoce : ici  viande  de boeuf Angus.

 

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Photo 13           Viande découpée sous vide                                                     

L’entreprise a 2 500 clients et réalise 40 millions de chiffre d’affaire par an.

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  Photo 14  Préparation des colis pour la livraison

Guasch Viandes emploie 150 personnes : des opérateurs                                                  découpe, de livraison, d’emballage mais aussi des  négociants et des agents administratifs.

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Photo 15 Retour de plateau vers la plonge de la cantine                                                                            

Mon plateau de cantine repart vide, j’ai compris d’où venait la viande de mes repas. Savoir ce que nous mangeons c’est le premier pas vers « mieux manger », moins gaspiller.                               

     Noms et Prénoms des élèves reporters : Projet de classe entière : Asan Fevzia, Banet Elise, Benabou Asmaa, Blanc Alexandre,  Bouguetof Celia, Callens, Shérine, Chirveche Dorian, Couvreur Kyliane, Fajal Rayan, Fitoussi Raphaël, Haenn Cléo, Laacheb Théo, Lambarki Ibrahim, Lavier Samantha, Macias Thomas, Marko Océane, Marti Enzo, Martinez Anna, Marty Chiara, Maset Chloé, Masserini Renata, Mengin Mathys, Michalski axel, Michalski Ivan, Pastor Sarah, Perez Andrea, Queloz Lila, Rochette, Alix, Rolland Macéo, Sanguesa Loïs, Souidaray Ronann, Taelmann Julian, Vallon Sacha, Vazques Lucas, Verges Léa                                                         

 

Keith Haring: le graffiti au service de l’engagement social

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Avis aux amateurs d’art contemporain et aux heureux visiteurs de Liverpool : la Tate Gallery de Liverpool propose, du 14 juin au 10 Novembre 2019, une exposition consacrée à l’artiste américain Keith Haring. Présentées pour la première fois dans un musée anglais, 85 œuvres, du graffiti au collage en passant par la sculpture, retracent son évolution artistique et son activisme.

Tate Gallery afficheA l’occasion de cette rétrospective, intéressons-nous au parcours de cet artiste, qui fut une figure emblématique d’engagement social dans l’art au XXème siècle.

Article signé Valentine Canal.

 

Portrait de Keith Harring
Keith aime l’art depuis son enfance. Né en 1958 Pennsylvanie, il noircit des carnets de dessins , encouragé par son père et effectue des collages humoristiques de journaux.

En 1978, il quitte Pittsburgh et ses études en dessin publicitaire pour se consacrer pleinement à l’art et intègre la School Visuals of Arts de New-York. Il est alors déconcerté par cette ville cosmopolite et se rapproche d’un milieu artistique émergeant, le street art, et plus particulièrement le graffiti.

Dans le Métro (1)Il prend l’habitude de dessiner de petits personnages sur espaces publicitaires noirs dans le métro New-Yorkais, qui devient rapidement son terrain de jeu. Dans cette galerie atypique, il développe un vocabulaire pictural et ses graffitis, toujours anonymes deviennent reconnaissables entre mille : personnages tracés à la craie blanche, minimalistes, sans visage, à la croisée entre comics et hiéroglyphes égyptiens.

Aux antipodes des taggeurs qui recouvrent la ville de signes revendiquant leur identité, l’artiste disparaît au profit de ses messages. Keith Haring cherche à interpeller les passants et délivre de nombreuses critiques sociopolitiques à travers la simplicité de ses traits, sur des enjeux sociaux contemporains : racisme, homophobie, dangers du capitalisme…

Arrêté à plusieurs reprises par la police pour vandalisme, l’artiste commence pourtant à éveiller la curiosité des usagers du métro, puis du celle monde artistique. Il expose fréquemment ses œuvres au club 57, repère mythique du monde underground New-Yorkais et rencontre Jean-Michel Basquiat, pionnier du Bad-painting, qui deviendra son ami et Andy Warhol, maître du pop art, qui deviendra son mentor. Keith Haring impressionne, interpelle.

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La galerie Tony Shafrazi expose ses œuvres en 1982 et en 1985 ses graffitis recouvrirent les murs du musée d’art contemporain de Bordeaux. Il ne cesse pourtant de graffer dans la rue, aux yeux de tous dans une démarche de démocratisation l’art, de plus en plus confidentiel. Ainsi, l’artiste acquiert une notoriété internationale et incarne une figure emblématique d’activisme artistique.

 

Ses graffitis participent au mouvement de la contre-culture, et son art un contre-pouvoir.

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20190722_120541L’exposition de la Tate souligne les sujets de prédilection de Haring: les révolutions technologiques ( TV, informatique, robotique,la menace nucléaire), le poids des conservatismes religieux et surtout  son engagement contre le racisme. Pour les dénoncer il utilise un graphisme simple, efficace et codé (le bébé est la pureté,la figure à 3 yeux est le subconscient, la pyramide l’influence de l’art égyptien…)

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En effet dans les années 80, les manifestations de violence raciales se multiplient aux Etats-Unis. Les étudiants afro-américains sont régulièrement criblés d’injures et les violences policières ne cessent de croître, en dépit de l’abolition de la ségrégation, en 1965. Le racisme s’installe dans les mœurs, conforté par l’inaction du président, Ronald Reagan. A ce sujet, des publications récentes d’enregistrements téléphoniques révèlent des commentaires racistes proférés par l’ancien président à l’encontre de noirs, qu’il qualifie entre autres de « singes des pays africains ». https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2019/07/ronald-reagans-racist-conversationrichard-nixon/595102/

Michae Stewart

 

Michael Stewart

 

Dans ce climat de tension, Haring décide d’utiliser sa notoriété et ses graffitis pour dénoncer les discriminations de sa fresque Michael Stewart – USA for Africa. Celle-ci rend hommage à ce graffeur noir de 25 ans, qui fut tué le 15 septembre 1983, roué de coups par cinq policiers dans la rue, alors qu’il rentrait chez lui.

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Keith Haring. Michael Stewart-USA for Africa

 

 

 

 

 L’acquittement des policiers en 1985 a déclenché la colère de l’artiste, qui a réalisé cette immense fresque, à la manière d’un « J’accuse » pictural, dénonçant la violence raciale. Un corps oblique de crucifié et déformé surplombant une marée de mains noyées dans du sang représentant Michael Stewart en martyr déshumanisé, sous une foule enfouie de victimes de violences raciales, anonymes et oubliées. Une colombe de la paix dévorée, une terre divisée par l’océan atlantique, la main verte du dollar, symbole de corruption… Ce tableau est chargé de messages, vifs et percutants de l’artiste.

20190722_121613L’expo de la Tate insiste également sur  l’engagement de Keith Haring dans la lutte contre le SIDA.

  Découverte au début des années 80 aux Etats-Unis, cette maladie fut d’abord considérée comme un mal ne concernant que les homosexuels, principales victimes de cette épidémie mortelle. En  1988, lorsque il se découvre lui aussi atteint, Keith s’engage dans une lutte contre les discriminations homophobes, dans un climat social hostile à la diversité sexuelle. Conservatisme favorisé une nouvelle fois par la politique  de Reagan.

 

20190722_121636En effet, son gouvernement s’est très peu impliqué dans la gestion de la crise du Sida, ce qui résulta en la propagation du virus, et la mort prématurée de centaines de milliers de personnes. Cette situation entraîna la création de l’association Act Up en 1987 (Aids Coalition To Unleash Power), dont Keith Haring fut militant .

 

 

 

 

Ignorance=Fear

Sur son poster Ignorance=Fear, Silence=Death l’artiste détourne les 3 singes de la sagesse : « ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire » pour dénoncer l’inaction face à l’épidémie et fédérer la population autour des combats d’Act-up. En 1985, au début de l’épidémie de sida il réalise, Untitled (Aids), une huile sur toile de 3 mètres carré. Au centre du tableau, un malade du sida aux allures monstrueuses, portant une croix rouge, entouré d’un chaos de monstres et de personnages décharnés. Cette œuvre est l’une des 85 exposées actuellement à la Tate Gallery.

Once Upon a Time

Un an avant son décès, en 1989, Keith Haring crée la Keith Haring Foundation afin de fournir des subventions aux enfants dans le besoin et aux personnes atteintes du sida. Sa fresque « once upon a time » réalisée la même année fut sa dernière œuvre évoquant le sida et la sexualité, avant sa mort causée par la maladie en 1990. Décorant les toilettes du LGBT Community Center de New York retrace l’histoire du sexe Gay et fait éloge du temps révolu durant lequel il n’y avait pas de SIDA. « L’art contre la peur », voilà le combat de qui anima sa vie Depuis, plusieurs artistes ont marché dans ses pas et peint dans ses traces, tels que les célèbres graffeurs Banksy ou JR, pour qui le graffiti reste un outil de dénonciation efficace, à travers le mariage de l’art et de la rue.

JR Travail

Travail de JR sur la frontière entre les USA et le Mexique.

 

Je vous encourage donc à vous rendre à l’exposition Keith Haring à la très belle Tate Gallery de Liverpool avant 10 Novembre 2019 si vous en avez la possibilité.

Tate Gallery Liverpool (1)

Dans le cas contraire vous pourrez vous consoler avec l’excellent documentaire Keith Haring, The message, si vous souhaitez en connaître davantage sur les multiples facettes de la vie de cet artiste et activiste.

Valentine Canal août 2019.

 

SOURCES:

https://www.dailymotion.com/video/xzb9ki 

https://www.kazoart.com/blog/keith-haring-street-artist-engage/ https://www.lemonde.fr/blog/fredericjoignot/2015/08/18/2323/ https://www.vanityfair.com/news/2015/11/reagan-administration-response-to-aids-crisis https://www.livingedge.co.uk/out-about/keith-haring-exhibition-tate-liverpool-1-6132035

https://www.tate.org.uk/whats-on/tate-liverpool/exhibition/keith-haring https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/peinture/keith-haring-icone-pop-et-artiste-politiqueexpose-a-paris_3308005.htmlTate Gallery affiche

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